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    LA MOMIE MALEFIQUE

     

    C’est une histoire extraordinaire que celle de la momie d’une princesse égyptienne, prêtresse  d’Ammon Râ, morte il y a trois mille cinq cent ans, qui a laissé dans le monde entier des traces sanglantes de son passage.

     

    Cette princesse était prêtresse, du temple d’Ammon Râ à Thèbes. Au commencement du 19e siècle, au cours de fouilles faites en Egypte, une expédition anglaise découvrit sa momie. Quelques jours à peine s’écoulèrent… Survint un accident stupide : un fusil qui explose… La déflagration emporta le bras d’un des membres de la mission. Puis, un second mourut bientôt dans des conditions mystérieuses. Un troisième fut tué d’une balle de revolver, on ne sut jamais par qui ni pourquoi… La mission revint en Angleterre. Ces tragiques évènements n’avaient pas abattu l’enthousiasme des chercheurs et celui qui maintenant possédait la momie en propre se réjouissait fort de montrer ce trésor à ses compatriotes. Mais, quand il rentra chez lui, ce fut pour constater que sa maison avait été cambriolée. Lorsque la momie arriva à Londres, on s’empressa de la faire photographier… Le photographe qui entreprit ce travail crut devenir fou. En effet, lorsqu’il développa ses plaques, il s’aperçut avec terreur qu’il n’avait pas du tout reproduit les traits de la momie mais ceux d’une personne inconnue de lui, dont les yeux, ce fut sa propre expression, étaient « diaboliques ». Quelques semaines plus tard, ce même photographe mourait sans que les médecins aient pu diagnostiquer avec précision son mal. Le propriétaire des restes de la princesse fut profondément ébranlé par cette série d’évènements inexplicables. Il décida de s’en débarrasser le plus rapidement possible et en fit tout simplement cadeau au British Museum.

    L’homme qui se chargea du transport mourut la semaine suivante. Tous ces phénomènes, auxquels personne n’était capable de donner une explication valable, commencèrent bientôt à être connus du grand public. La foule se pressait, mi-inquiète, mi-amusée, dans la salle du British Museum réservée aux antiquités égyptiennes. Certains vinrent se plaindre d’avoir souffert de douleurs abdominales après avoir simplement regardé la momie. Il fut impossible de faire la part de l’imagination qui entrait dans ces affirmations incontrôlables. La popularité de la princesse devint telle que le premier ministre de l’époque, M. Asquith, demanda à la voir… Ses collègues refusèrent. Le personnel du Musée vivait sous la terreur. Ils firent pression sur la direction qui, finalement, enleva la momie et la remplaça par une imitation presque parfaite. Mais un égyptologue américain découvrit la supercherie. Il s’offrit à emmener la momie de la princesse en Amérique. On accéda à son désir promptement, ravi d’être débarrassé à si bon compte d’une pièce aussi… encombrante. Quelque temps plus tard, on chargeait la princesse sur un navire américain… La momie est maintenant au fond de la mer, en compagnie de l’équipage et des passagers.

     

    CE NAVIRE PORTAIT LE NOM DE TITANIC.

     

    Source : Almanach Vermot de 1953  

     

    La taverne de l'étrange- 27 janvier 2010

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    NEUF MALEDICTION : HUIT MORTS !

    A CE POINT-LA, PEUT-ON ENCORE PARLER DE COÏNCIDENCES ?

     

     

    Mai 1955- Comme il est d’usage dans les cours de justice américaines, l’accusée était assise à côté de son avocat, derrière une petite table surchargée par les dossiers de la défense. Sa vie était en train de se jouer et pourtant, elle ne montrait aucun signe d’angoisse ni de nervosité. Son beau visage, aux traits réguliers, auréolé de longs cheveux blonds bien coiffés, était serein. Ses yeux clairs, soigneusement fardés, gardaient une expression lointaine, détachée…

     

    Le jury, qui s’était retiré pour délibérer, rentra dans la salle d’audience. Le public se leva, l’accusée aussi et les douze jurés regagnèrent leurs bancs. Lorsque tous furent assis, le premier juré se mit debout et, dans un silence absolu, annonça le résultat de la délibération. L’accusée, Barbara Graham, était reconnue coupable d’assassinat avec préméditation. Il restait au juge Charles Fricke à lire la sentence. Celle-ci était prévisible, étant donné les conclusions du jury. Bien qu’elle eût clamé son innocence depuis le début du procès, il était impossible de croire à celle de Barbara Graham. D’ailleurs, le procureur général, J. Miller Leavy, avait prononcé un brillant réquisitoire qui ne laissait aucune place au moindre doute. Quant à l’avocat de la défense, Me Jack Hardy, il avait été d’autant moins convaincant que lui-même se rendait compte qu’il plaidait une cause perdue d’avance.

    « Barbara Graham, dit le juge d’une voix forte, vous avez été reconnue coupable de meurtre au premier degré. Cette cour, qui représente le peuple de l’Etat de Californie, vous condamne à être exposée aux gaz asphyxiants jusqu’à ce que mort s’ensuive. »

    Alors, soudain, l’accusée perdit tout contrôle d’elle-même. Elle bondit de sa chaise et hurla :

    « Je suis innocente, vous entendez ? In-no-cen-te ! »

    Elle ressemblait maintenant à une vraie furie. Echevelée, les traits déformés par la colère, l’écume au bord des lèvres, elle se débattait aux mains des gardes qui s’étaient précipités sur elle et essayaient de la maintenir. Ayant réussi à se dégager de leur étreinte, elle se rua sur Jack Hardy, un petit homme chétif, aussi frêle qu’un roseau. Avant même qu’il ait pu esquisser un geste, elle le jeta à terre et se mit à le frapper à coups de pied et à coups de poing.

    « Salaud ! criait-elle, au comble de la rage. Ah ! Tu m’avais promis l’acquittement… Et maintenant, je vais mourir ! Mais tu vas mourir aussi… »

    Dans la salle, c’était un tumulte indescriptible. Le public criait, protestait, des gens montaient sur les sièges pour mieux voir. Perché sur son estrade, le juge Fricke tentait vainement de ramener le silence en la frappant à coups redoublés de son maillet. Enfin, les trois gardes parvinrent à maîtriser la forcenée et la traînèrent vers la sortie. Mais elle avait encore quelque chose à dire. Se retournant vers le tribunal, elle eut encore le temps de crier :

    « Tous ! Je vous maudis tous ! Toi en premier, Jack Hardy, qui m’a si mal défendue… Toi, le juge Charles Fricke, qui m’envoie à la mort… Toi, Miller Leavy, dont le réquisitoire implacable ne m’a laissé aucune chance et aussi ton assistant, Ernest Roll, qui t’a aidé dans cette tâche… » Et pointant son index vers les hommes dont elle voulait encore se venger, elle maudit trois des témoins dont les dépositions l’avaient accablée : John Drew, Wilfrid Upshaw, Herbert Karane, ainsi que le policier qui l’avait arrêtée, Frank Ahearne. Les gardes, enfin, réussirent à l’arracher de la table où elle se cramponnait mais on l’entendit encore crier, dans le couloir, à travers la porte fermée :

    « Vous me suivrez tous dans la tombe… On se retrouvera en enfer. »

    Le calme revint enfin et le public évacua lentement la salle.  La plupart des assistants, encore secoués par le spectacle qui s’était déroulé devant eux, se taisaient, d’autres affectaient de rire, de se moquer de cette malédiction qu’ils déclaraient digne d’un âge où l’obscurantisme faisait la loi. Un mois plus tard, le 3 juin 1955, Barbara Graham, âgée de 35 ans, pénétrait dans la chambre à gaz de la prison de Saint-Quentin, près de San Francisco. Au moment où le bourreau, Harley Teets, lui liait les mains, elle se retourna vers lui, lui cracha au visage et lui lança :

    « Et toi aussi, je te maudis puisque tu es là pour me tuer. Tu ne me survivras pas longtemps, je te le jure. »

    L’expression de ses yeux était telle, à ce moment-là, que l’exécuteur frissonna malgré lui. Pourtant, Harley Teets n’était pas un homme facilement impressionnable. Un mois après, presque jour pour jour après l’exécution de Barbara Graham, les journaux de la Californie du Nord annoncent le décès subit de Me Jack Hardy, terrassé par une crise cardiaque. Il n’avait que 47 ans et son cœur, jusque-là, ne lui avait causé aucun souci. Un an plus tard, Ernest Roll, l’assistant du procureur général, est emporté par un cancer qui s’est déclaré et développé à une vitesse étonnante. Il est le deuxième d’une série qui ne va pas cesser de s’allonger… Au cours des années suivantes, la mort va frapper l’une des personnes désignées par la meurtrière. En 1957, Harley Teets, le bourreau, succombe, lui aussi, à une crise cardiaque. Deux jours auparavant, un examen médical approfondi a confirmé son parfait état de santé. Au mois de février 1958, le juge Charles Fricke disparaît à son tour… Cancer foudroyant. Le même mois, le témoin John Drew se noie dans le Mississipi, le bateau sur lequel il voyageait est entré en collision avec un autre. En mars 1959, Wilfried Upshaw, un autre témoin, est tué dans un accident de voiture, un camion fou ayant percuté son auto dans des circonstances incompréhensibles. 1960… L’officier de police Frank Ahearne, bien que réputé excellent nageur, se noie sur une plage de Californie.

    Sept des hommes maudits par Barbara Graham ont donc disparu en l’espace de six ans. Deux (Jack Hardy et Harley Teets) ont eu des crises cardiaques… Deux autres (Ernest Roll et Charles Fricke) ont succombé à des cancers qui les ont fait « flamber »… Deux autres encore (John Drew et Frank Ahearne) se sont noyés et le dernier, (Wilfried Upshaw) n’a pas survécu à son accident de voiture. Après cela, une accalmie a lieu. Elle va durer quinze ans, jusqu’en janvier 1975. Mais, en décembre 1974, alors qu’il circule à pied dans la périphérie de Los Angeles, le dernier témoin, Herbert Karane, est cueilli sur le trottoir et littéralement coupé en deux par une voiture qui a semblé « surgir du néant » déclarent les témoins et dont le chauffeur a pris la fuite…

    DEUX INFARCTUS… DEUX CANCERS… DEUX NOYADES… DEUX ACCIDENTS MORTELS…

    Seulement, la boucle n’est pas encore bouclée. Un homme est encore en vie : le procureur général J. Miller Leavy. Âgé de 70 ans, il a pris sa retraite dans une petite ville de la Californie.

    « Au début, a-t-il déclaré, personne n’a pris la menace de Barbara Graham au sérieux. Ce n’est que lorsque ce pauvre Jack Hardy est mort que nous avons commencé à nous poser des questions. Moi le premier. Les évènements qui ont suivi n’ont pas contribué à me rassurer. Successivement, j’ai vu disparaître mon adjoint Ernest Roll, un garçon plein d’avenir, ce malheureux Harley Teets et mon vieil ami, l’excellent juge Charles Fricke. Et tous les autres. Je reste le dernier. Je fais de mon mieux pour me raisonner, pour me convaincre que tous ces drames sont pure coïncidence. Rien à faire… J’ai peur. Je ne cesse de penser à cette femme, à sa fureur, à sa volonté de vengeance. C’était un démon, vous savez et je n’ai aucun remords d’avoir participé pour une large part à sa condamnation. Elle était vraiment coupable, elle l’a avoué juste avant de passer à la chambre à gaz. Ce n’est donc pas la crainte d’avoir aidé à commettre une erreur judiciaire qui me tourmente, mais bien la personnalité de Barbara Graham. Après la mort de Jack Hardy, je me suis intéressé à elle, à son passé. J’ai appris qu’elle se vantait d’être la descendante de Bridged Bishop, une des sorcières jugée lors des fameux procès de Salem, en 1692. Peut-être disait-elle vrai… Peut-être était-elle elle-même une sorcière. »

    En Californie, où le procès de Barbara Graham est revenu au premier plan de l’actualité, en 1975, après la mort d’Herbert Karane, l’affaire de la malédiction, comme la désignent les journaux, n’est pas prise très au sérieux. On n’y croit guère… Mais le procureur J. Miller Leavy y croit, lui !

     

    La taverne de l'étrange- 11 janvier 2010

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