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    L’AFFAIRE "JACK L’EVENTREUR ETAIT UN COMPLOT MACONNIQUE"

     

    C’EST-CE QUE REVELA EN 1973 UN HAUT FONCTIONNAIRE…

     

    quartier de White Chapel en 1888

    Londres, ce n’est pas seulement la ville brillante que connaissent les touristes, Hyde Park et ses pelouses, Buckingham Palace et la relève de la garde, Picadilly et ses publicités lumineuses démentielles. Ce sont aussi les bas-quartier, quartier louche de Soho où de nouveaux gangs chinois affrontent la mafia pour s’assurer le monopole du vice, quartier de Whitechapel où vivre, c’est lutter contre la misère et la déchéance, quartier interlope des docks, décor naturel pour un film de Marcel Carné.

     

    sang
     
    Un fantôme hante ces rues sinistres, ces pubs de Wapping Lane ou de Chandlers street à l’odeur de bière aigre, un nom qui fait encore trembler toute la faune qui vit là, marins qui se saoulent consciencieusement le temps d’une escale, dockers attablés devant un verre vide qui attendent que le patron ait le dos tourné pour sortir de leur poche un flacon d’alcool à pharmacie et s’en envoyer une rasade, prostituées dont personne ne veut plus qui entrent se payer un gin pour se récha   uffer l’âme et le cœur, pâles voyous à l’allure de jeunes fauves à l’affût d’un mauvais coup.

     

     

    C’est à Jack the Ripper, celui que nous nommons l’Eventreur, qu’ils pensent tous en frissonnant quand la nuit descend sur ces bas-fonds dantesques, le tueur de femmes impuni, l’une des plus belles énigmes de l’histoire du crime… Eh bien, s’en est fini du secret ! Jack l’Eventreur est enfin démasquer. En 1973, Stephen Knight et une équipe de télévision de la B.B.C. travaillaient à un feuilleton sur le boucher de Whitechapel quand un haut fonctionnaire de Scotland Yard leur proposa de rencontrer un peintre du nom de Joseph Sickert qui semblait détenir quelques informations sur cette affaire. « Je suis le fils naturel de Walter Sickert, annonça à Stephen Knight ce témoin de dernière heure à leur premier entretien. Le jour de mes quatorze ans, mon père me prit à part et, pour libérer sa conscience, me révéla la vérité sur le Ripper. » Le journaliste de la B.B.C. buvait les mots de son interlocuteur. Depuis 1888, tous les scénaristes et les auteurs de romans à quatre sous qui avaient noirci des pages et des pages à faire revivre l’Eventreur n’avaient jamais osé bâtir un tel scénario. Pourtant, cette fois-ci, ce n’était pas de la littérature, mais des faits précis. Incroyables cependant vrai !

    « Tout a commencé, dit Joseph Sickert, quand la princesse de Galles, voulant parfaire l’éducation de son fils, le duc de Clarence, demanda à son père de l’intéresser aux Beaux-arts. Walter Sickert employait parfois comme modèle une jeune fille du nom d’Anne Elizabeth Crook qu’il présenta à son élève. Le jeune aristocrate était fringant, le modèle peu farouche, ce qui devait arriver arriva. En 1885, Anne Elizabeth accoucha d’une fille baptisée Alice et, peu après, épousa clandestinement son séducteur. Des rapports de police parvinrent à la connaissance de la reine Victoria, la grand-mère du duc de Clarence, qui entra dans une colère noire. Quant au premier ministre, Lord Salisbury voyait dans cette affaire une grave affaire une grave menace pour la royauté. Pour comprendre leur réaction devant une idylle somme toute banale pour illégitime qu’elle fût, il est nécessaire de connaître la politique anglaise de cette époque. La reine Victoria, qui a accédé au trône en 1837, est alors âgée de soixante-six ans. Le prince héritier, son fils Edouard, prince de Galles, a lui-même quarante-quatre ans. Il a usé sa santé dans les plaisirs et a failli mourir de typhoïde quelques années auparavant. Or, s’il venait à disparaître, c’est son fils aîné, le duc de Clarence, précisément, qui serait appelé à régner. La reine, tout comme son premier ministre, est parfaitement consciente de la situation politique. La révolution industrielle que traverse la Grande-Bretagne a avisé la lutte des classes. Les premiers syndicats s’agitent. Un fort courant socialiste se dessine et, jusque dans la bourgeoisie, les idées républicaines font leur chemin. Une action officielle, à l’échelle gouvernementale, était pratiquement impossible. Mais Lord Salisbury était un dignitaire de la franc-maçonnerie et décida de mobiliser cette société secrète. Un conseil restreint de maçons de hauts grades fut chargé de s’occuper de l’affaire. Il était composé de personnages éminents, comme le médecin de la reine, Sir William Gull, le chef de la police, Sir Charles Warren et son adjoint, Sir Robert Anderson. Leur action débuta au cours des premiers mois de 1888. Le duc de Clarence et Anne Elizabeth Crook furent enlevés de force du logement de Cleveland Street qui abritait leurs amours clandestines.

    L’héritier du trône fut ramené dans sa famille, mais son épouse de la main gauche, fille du peuple, n’eut pas cette chance. Soumise à une atroce opération du cerveau qui la laissa littéralement idiote. Elle passa le reste de son existence d’asile en asile. Quant à l’innocente petite Alice, elle fut d’abord confiée à une nourrice, Mary Kelly, puis placée dans un orphelinat. « Affaire résolue », pouvait dire Lord Salisbury en se frottant les mains. Hélas ! Non, ce n’en était que le début. Mary Kelly, qui, de déchéance en déchéance, se livrait à la prostitution dans le West End, raconta toute l’histoire à trois de ses amies. Petit à petit, l’idée leur prit d’essayer d’en tirer quelque argent. Elles essayèrent de faire chanter un personnage important, dont Joseph Sickert n’a pas révélé le nom, mais elles n’avaient pas compté avec la puissance que son appartenance à la franc-maçonnerie conférait à Lord Salisbury, en plus de sa fonction de premier ministre. Le conseil maçonnique se réunit à nouveau et la décision fut prise d’en finir avec toute menace. En d’autres mots, de faire passer de vie à trépas les quatre femmes. Sir William Gull, chargé de l’exécution, s’adjoignit un cocher nommé Netley et Walter Sickert. Les unes après les autres, Mary Kelly et ses trois compagnes tombèrent sous les coups des assassins. Ironie du sort, ils assassinèrent par erreur une prostituée qui s’appelait aussi Mary Kelly, mais qui n’était pas la bonne. Ces pauvres femmes furent égorgées, puis éventrées et leurs reins, arrachés, placés sur leurs épaules. Il ne s’agissait pas, comme on le crut à l’époque, de la sauvagerie d’un sadique. Ce supplice, correspondant aux anciens crimes rituels, maçonniques, était en quelque sorte un message adressé indirectement à tous les initiés de ne pas avoir à s’occuper de cette affaire. Que l’on ne se méprenne pas sur ce point.

     jack

    Les franc-maçons du 19esiècle ne commettaient pas de crimes rituels, pas plus d’ailleurs que la plupart de leurs prédécesseurs dans la maçonnerie dite « spéculative ». Cependant, il existait au temps de la maçonnerie « opérative » l’habitude de mettre à mort ceux qui trahissaient le secret des bâtisseurs et d’attirer l’attention des affiliés en les mutilant d’une certaine façon. C’est ce rituel tombé en désuétude que les complices de Lord Salisbury utilisèrent. Les conditions abominables dans lesquelles ces meurtres furent commis émurent l’opinion publique. L’enquête officielle (qui avait de bonne raison de ne pas aboutir) tint la presse en haleine pendant des mois. On crut qu’il s’agissait de l’œuvre d’un seul homme, un désaxé, auquel on donna le sobriquet de Jack l’Eventreur. Un mythe était né. Ironie du sort, le duc de Clarence ne régna jamais et aurait très bien pu conclure un mariage morganitique. En effet, la reine Victoria mourut en 1901 et le prince de Galles monta sur le trône sous le nom d’Edouard VII. En janvier 1892, le duc de Clarence fut emporté en quelques jours par la maladie et c’est son frère, le futur Georges V, grand-père de la reine Elizabeth II, qui devint à son tour prince héritier. Le sort de la petite Alice ne fut guère enviable. A l’âge de dix ans, elle fut retirée de l’orphelinat, où elle avait été placée et où elle était brutalisée, par Walter Sickert qui la fit élever à Dieppe, à l’abri des indiscrets. En 1925, un fils naquit des relations entre le tuteur et la pupille qui avaient pris un tour intime. C’est Joseph Sickert, celui-là même qui a levé le mystère sur la véritable histoire de Jack l’Eventreur. Histoire presque incroyable. Pourtant, Stephen Knight n’est pas un homme à gober le premier bobard venu. Il a passé des mois à vérifier le récit de Joseph Sickert et, plus que jamais, il est persuadé de sa véracité.

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    source- Nostra n° 225 juillet 1976

     

    Tyron- Août 2010


    jack
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    EN BRETAGNE, LA MORT EST DE TOUTES LES LEGENDES…

     

    Le soleil décline lentement sur l’horizon… La lande bretonne se teinte de couleurs étranges. Décharnés, les arbres qui bordent le chemin, semblent tendre vers le ciel violet leurs mains suppliantes. Ronan est certes un solide gaillard aux larges épaules, peu impressionnable, et près des réalités de la terre et de la vie, il n’aime guère cependant rentrer chez lui, au hameau, à cette heure crépusculaire… Les jacassements lugubres des corbeaux dans ce ciel de novembre semblent parler une langue inconnue… Comme s’il se préparait quelque chose ! L’angoisse monte vite dans ces cas-là : le moindre soupir du vent dans les halliers, la rumeur la plus lointaine prennent soudain une signification bizarre. Et puis, ce chat noir croisé tout à l’heure et qui a détalé à quelques centimètres, devant lui, lui laisse au cœur une impression pénible… Ronan presse le pas. Le hameau n’est guère loin maintenant, deux kilomètres au plus, et, dans quelques minutes, devant la table, avec sa femme et ses enfants, il aura oublié ses angoisses…

     

    LA CHARRETTE FANTÔME

    Brusquement, l’homme tend l’oreille : loin derrière lui, il vient de percevoir clairement, porté par une rafale de vent, le bruit caractéristique des roues d’un chariot. Bientôt, il distingue, allant en se rapprochant, le trot saccadé d’un cheval. Ronan ne peut réprimer un tressaillement. Et pourtant, quoi de plus naturel qu’un attelage qui rentre à la ferme, les travaux des champs achevés ? Certes, mais cette heure, « entre chien et loup », apporte avec elle des résonnances mystérieuses, qui font battre plus fort le cœur du Breton le plus sceptique, le plus cartésien… La charrette n’est plus qu’à une dizaine de mètres, à présent. Ronan se range le long du chemin pour la laisser passer. Et ses yeux s’agrandissent : dans un vacarme d’enfer, l’attelage passe devant lui, dans un grand souffle glacé : tenant les guides, un être repoussant, au faciès squelettique qu’encadre une chevelure blanche, vêtu de noir, tourne vers lui sa face grimaçante et éclate d’un rire hystérique. De l’autre main, la créature tient, entre ses doigts décharnés, une longue faux dont la lame acérée brille d’un éclat insoutenable ! En un éclair, Ronan a reconnu le Karrig an Ankou, le convoi monté par la mort elle-même. Il veut hurler mais aucun son ne franchit ses lèvres… Tremblant de terreur, il porte la main à son cœur et s’effondre sur le tapis de feuilles sèches… mort ! Pendant que décroît, dans le lointain, le grincement des essieux du sinistre chariot…

    LE NAVIRE FANTÔME

    C’est là l’une des nombreuses légendes que se racontent parfois, le soir autour de la table, les vieux et les vieilles du pays hanté de Bretagne. Car, s’il est une terre, en France, où la mort est présente à chaque seconde, en maint lieu, c’est bien sur ces landes brumeuses, au bord de la mer déchaînée et hurlante. Depuis toujours, marins et paysans portent au cœur l’angoisse de la Camarde. Et le Karrig an Ankou est, de toutes les légendes, la plus représentatrice de la mythologie bretonne. Il en existe cependant une autre version, plus particulièrement répandue dans la région de la Pointe du Raz et de la Baie des Trépassés, là où l’on peut entendre, la nuit, hurler et gémir les âmes des morts sans sépultures, des « naufrageurs », et de tous les marins incroyants : C’est à la Pointe du Raz que l’ankou se rend, nocturnement, pour venir chercher son chargement d’âmes, qu’il mènera ensuite, par-delà l’Île de Sein, par-delà les étendues marines ! L’Ankou n’est pas le pilote des vaisseaux funèbres, il n’en est – pourrait-on dire – que l’armateur. Régulièrement, chaque année, il part à la recherche d’un capitaine pour ses barques funéraires : lorsque la barque s’approche du rivage, on n’aperçoit personne à la barre, personne à l’intérieur et, cependant, elle ne dépasse que de quelques centimètres au dessus de la crête des vagues… comme si elle portait un lourd chargement ! Puis, porté par les bourrasques, une voix sourde monte de l’embarcation, appelant par son prénom un pêcheur résidant non loin de là… L’homme qui s’entend ainsi appeler n’ignore pas la redoutable tâche qui va être la sienne : il descend sur la plage et monte dans la barque chargée des âmes des croyants. Et c’est au milieu du concert effroyable des âmes errantes des marins morts en état de pêché qu’il prend place au gouvernail et met le cap sur l’Île de Sein. Parvenue en ce lieu, la barque devient soudain plus légère les âmes des morts l’ont quittée pour rejoindre la terre du repos éternel. De retour sur la plage, le « capitaine » a la surprise de s’apercevoir que l’embarcation disparaît en quelques secondes, comme une brume visionnaire ! Parfois encore, certains dormeurs s’éveillent au cours de la nuit, entendent frapper à leur porte : ils savent que l’Ankou les appelle pour passer dans l’autre monde des « Anaon », les âmes des trépassés. L’itinéraire de la barque varie selon les régions de Bretagne : il s’agit tantôt d’une rivière, tantôt encore d’un bras de mer, ou bien de la mer elle-même. Mais la destination demeure toujours la même : la terre des Morts est située quelque part au-delà de l’Île de Sein…

    SPECTRE DE NAUFRAGEURS ET VAISSEAUX ERRANTS

    La mythologie de la mort, en Bretagne, est indissolublement liée à la mer. Ainsi, gare à celui ou celle qui, se trouvant, à la nuit tombée près d’une plage déserte, s’entend appeler par son nom… Il s’agit certainement du spectre errant d’un de ces naufrageurs qui, jusqu’au XIXe siècle, faisaient échouer les vaisseaux sur les récifs, assassinaient leurs équipages et s’emparaient des richesses qu’ils contenaient ! Répondre aux lamentations de cette âme perdue, c’est prendre le risque mortel de se voir entraîner, au fond de la mer, par deux mains d’os qui ne vous lâchent plus ! Pour éviter ce piège, il suffit tout simplement de ne pas répondre à l’appel et de se signer : le mort regagnera aussitôt les abîmes infernales de son enfer marin ! La mer ! La mer presque toujours présente dans les légendes du littoral breton… Quel vieux marin ne vous contera pas, si vous le mettez en confiance, qu’il a de ses yeux vu l’un de ces bâtiments errants qu’on appelle vaisseau fantôme ? Si, de surcroît, vous commandez une vieille bouteille d’hydromel, il se confiera encore davantage : ce bateau, qu’il a aperçu, toutes voiles dans le vent, au large d’Ouessant, il est monté à bord… Les mains rivées sur la roue du gouvernail, sans regard au creux de ses orbites vides de squelette, un mort, très vieux, portant l’antique costume des corsaires, un sabre ébréché passé dans sa ceinture de cuir, guide le vaisseau dans sa course éternelle… Des morts et encore des morts dorment sur leurs paillasses ! Et ce sont encore des morts qui sont rassemblés dans la cabine du capitaine, autour d’une grande table chargée de mets et de cruches ! Aux sabords dépassent les gueules des canons perdus dans l’immense toile d’araignée et muets pour toujours ! Et le vieux pêcheur vous dira encore, à l’aube, lorsque la bouteille sera vide et que le coq commencera à chanter, que, remonté dans sa barque, il a aperçu, appuyée aux bastingages du vaisseau, une femme d’une beauté merveilleuse qui l’appelait ! Tel Ulysse refusant l’appel des Sirènes, il s’est bouché les oreilles pour ne plus entendre l’écho de cette voix sublime, déchirante… Car, s’il était remonté à bord du navire, c’est lui qui aurait remplacé le timonier… jusqu’au où un autre pêcheur aurait répondu à la voix et serait lui aussi monté à bord du vaisseau fantôme !

    LES ÂMES DES MARAIS

    Bretagne, pays de mer houleuse et vengeresse, mais aussi redoutable terre de marais ! Sous les eaux fangeuse et putrides de ces immenses étendues marécageuses, dorment des monstres qui, la nuit venue, dévoilent au passant attardé l’inhumaine horreur de leur face ! A une soixantaine de kilomètres au nord-est de Nantes, il existe un petit bourg charmant : Saint-Joachim, perdu au centre de la Grande Brière un vaste marais de 50 km2. Jadis un grand parc couvrait la région alentour. Cerné par ses merveilleux arbres séculaires, s’élevait un château de rêve, dans le secret duquel dormait un prodigieux trésor. Mal en prit à un magicien qui voulut s’emparer de ces richesses : tel l’apprenti sorcier, il déchaîna les eaux et les vents sur la contrée ! Et le trésor lui échappa ! Mais un nain qui prenait la fuite avec le trésor s’alla cacher sous le dolmen de Crugo et s’y trouve encore aujourd’hui… Depuis ce temps, des créatures monstrueuses hantent les marais : ainsi, dans les alentours de Mayun il est possible d’entendre, certains soir de tempête, les cris sinistres de Couertais, un colosse mesurant plus de trois mètres ! Prenez garde ne lui répondez surtout pas… Vous trépasseriez dans l’année, cela est certain ! Veillez également à ne pas rencontrer le Patou, spectre décapité, errant, son bâton dans la main, et poussant d’horribles hurlements dans la nuit des marais ! Patou affectionne plus particulièrement de s’asseoir sur le menhir de la « Vacherie », non loin de Donges… Si d’aventure vous montez à bord d’une barque et que vous décidiez de parcourir romantiquement les marais à la nuit tombée, ne vous inquiétez pas trop si vous apercevez, derrière votre embarcation des lueurs bizarres : il s’agit tout simplement des âmes errantes de victimes sacrifiées par les Druides de la Gaule Antique sur leurs autels de pierre… Certes, les siècles ont passé depuis, mais ces morts ne sont pas parvenus à trouver le repos éternel… Dans certaines petites chapelles de la région, vous apercevrez parfois de très vieilles femmes allumer des cierges et murmurer des prières pour le repos de ces âmes malheureuses…

    LES LAVANDIERES DE LA MORT…

    Les étendues marines, les marais, les sources et, les fontaines et les puits sont, en terre bretonne, les lieux de prédilection des esprits, des fées, des diables et des morts purgeant en ces endroits quelque antique châtiment… Ainsi, les vieux et les vieilles du pays de Bretagne évitent, la nuit, les abords de certaines mares ou étangs : ces étendues d’eau morte sont le lieu de rendez-vous des « Lavandières de la mort »… Si l’envie vous vient, intrigué, de vous approcher de l’une d’elles et surtout de lui adresser la parole, il vous en coûtera fort cher : elles se précipiteront sur vous, envelopperont votre corps dans l’un de leurs draps et le jetteront dans les profondeurs de la mare ! Parfois encore, au soir du Vendredi Saint, vous serez peut-être fort étonné d’entendre, dans la nuit, le claquement sec du battoir sur le linge… Surtout, ne vous approchez pas ! Car alors, les lavandières fantômes vous crieraient, de leur voix étrange : « Voici ton linceul. Il t’attend ». En un tournemain, elles se saisiraient de vous, vous envelopperaient de leur drap mortuaire et vous tordraient comme un vulgaire bas ! En Basse Bretagne, l’aventure coûta fort chère à une jeune fille qui passait de nuit près d’une mare elle vit, sur l’autre bord, une lavandière revêtue du costume traditionnel. Le fantôme déclara qu’elle blanchissait le drap dans lequel, le lendemain soir, on ensevelirait le corps du père de la jeune fille !

    UNE MESSE POUR UN PRÊTRE DISTRAIT !

    Il est peu de régions, en France où le concept de pêché et de châtiment soit à ce point répandu : les morts parjures, infidèles, menteurs, méchants, sont condamnés à revivre, sur les lieux mêmes de leurs forfaits et crimes, quelques instants de leur existence, parmi les plus pénibles… Batz est une petite bourgade perdue sur une lande rase battue par les vents qui soufflent en tempête… Il s’y dresse encore une petite chapelle, « La Chapelle de Crucifix » où Saint-Félix lui-même, évêque de Nantes, vint baptiser quelques uns de ses disciples… Il y a encore quelques années, le passant attardé avait la surprise d’apercevoir, derrière les verrières de la nef, une petite lumière blanche et tremblotante : à l’intérieur du sanctuaire, un malheureux prêtre, pour avoir omis de célébrer une messe que lui avait demandé un fidèle, officiait, chaque nuit, devant une assemblée de morts ! Supplice raffiné de l’au-delà : il ne pouvait que commencer ses prières mais avait reçu l’interdiction de les achever ! Cela ne lui serait enfin possible que le jour, tant attendu, où un vivant accepterait de lui répondre… Et puis un jour, un jeune ouvrier passant au cours de la nuit devant la chapelle trouva le courage d’y entrer et de répondre au malheureux ministre de Dieu… qui put enfin terminer son office posthume… Depuis ce jour, la petite lumière blanche, derrière les verrières de la nef, a disparu !

    LA CLOCHE DE LA MORT !

    Bretagne : la mer, les eaux mortes et les eaux vives servent de refuge secret aux myriades de créatures hantant les abîmes de la nuit. Mais sur cette terre se dressent aussi d’étranges et antiques édifices de pierres : les dolmens et les menhirs… Ces architectures « primitives » représentent également les lieux d’asiles des êtres venus des ombres de la nuit, de l’Enfer ou du Paradis. La route qui relie le bourg au village du Houx, situé au nord de la forêt de l’Arche, passe non loin d’un monument mégalithique que les habitants de la région appellent le « Dolmen du Peron » ou la « Pierre des Gaulois »… Ils affirment que, si l’on approche l’oreille de la dalle qui recouvre l’édifice, il est possible d’entendre le son grave de la cloche qui s’y trouve enfermée… Cela, sans prendre aucun risque. Mais, il en va différemment si vous tentez l’expérience au cours de la nuit… Car, dès la venue du crépuscule, apparaît, dans les parages du dolmen, un monstre épouvantable la Bête de Béré ! Et les vieux racontent volontiers que cette créature présente un aspect si terrifiant que les malchanceux qui l’ont aperçues sont morts sur l’instant ! Personne n’a jamais pu la décrire…

     

    LES INTERSIGNES

     

    Dieu, que la Bretagne est terre charmante pour ceux qui, pendant quelques jours, tentent d’y oublier les tracas de leur vie… La mer y resplendit sous le soleil. La lande fleurie sent si bon. Les chemins creux sont plein d’oiseaux… Délicieux pays tant que brille le rassurant soleil. Mais, attention : prenez garde aux signes du destin. Sachez que sur ce sol marchent, dès la tombée du jour, d’autres créatures que nous et que les fées, les farfadets et les korrigans multiplient les signes ; clins d’œil de l’au-delà qui annoncent toujours une mort prochaine. Cependant rassurez-vous : les intersignes ne s’adressent généralement pas à la personne qui les voit… ainsi, lorsqu’une personne meurt dans une région éloignée de celle où résident les siens, ses parents et amis entendent, la nuit, des coups frappés, des pas dans le grenier… Des mains fantomales griffent leurs corps, tirent les draps, des chandelles errent dans l’obscurité, des mains sans bras apparaissent dans les ténèbres, des gouttes de sang perlent sur les murs des greniers… De même, les menuisiers qui fabriquent les cercueils savent par avance si une personne doit mourir, dans la journée ou la nuit suivante : ils entendent le bruit des planches se heurtant entre elles dans les greniers ou parfois encore comme un gémissement plaintif… Le prêtre breton reconnaît à un certain signe, qu’il tient secret, si l’âme du mort est sauvée ou damnée, au moment précis où le cercueil atteint le fond de la fosse ! Le même prêtre, à l’instant où il jette la première pelletée de terre sur le sarcophage, peut connaître instantanément le sort de l’âme du défunt, dans son livre d’heures… Mais gare à lui s’il dévoile ce terrible secret : il remplacerait, tôt ou tard, le mort brûlant dans les flammes de l’éternelle damnation ! Mais si le prêtre a connaissance du destin posthume des mortels, chacun ici-bas peur également avoir accès à cette technique. La pratique est simple : immédiatement après la cérémonie du cimetière, l’on doit se rendre en un endroit élevé et découvert. Parvenu sur le promontoire dominant une large étendue de terrain, l’on prononce très fort le nom du mort par trois fois, cela dans trois directions opposées : si une seule fois seulement l’écho renvoie ce nom, il est certain que l’âme est sauvée !

     

    LA MORT N’EST PAS LOIN

     

    En Bretagne, les mille incidents de la vie quotidienne se colorent de teintes surnaturelles. Il est dès lors aisé, pour celui qui sait lire les « intersignes » d’avoir la connaissance anticipée de la mort de telle ou telle personne. Ces intersignes sont multiples, annonçant un décès plus ou moins lointain : les longs aboiements d’un chien pendant la nuit, le hululement insistant d’une chouette ou d’un hibou perché dans un arbre, près d’une maison, l’apparition d’une belette traversant le chemin, la présence répétée de corbeaux et de pies près d’une maison, la vue, sur une table, de deux couteaux croisés, la chute des poules de leur perchoir dans le poulailler, sont autant de mises en garde… Il en est d’autres encore : une chandelle qui s’éteint sur l’autel cours de la lessive, persiste à ne pas disparaître complètement dans l’eau, la présence, sur une table, de trois lumières allumées, le craquement inhabituel d’un meuble pendant la nuit, etc, etc… La liste des « intersignes » précédant la mort d’une personne serait longue à énumérer… « Heureux celui qui Voit, heureux celui qui entend… » disait déjà Saint-Jean dans l’Apocalypse…

     

    POUR MOURIR PLUS DOUCEMENT…

     

    Les détenteurs des vieilles légendes bretonnes connaissent également d’antiques secrets pour accélérer le processus de la mort et adoucir le trépas : ainsi conseillent-ils de descendre l’agonisant de son lit et de poser ses pieds nus sur le sol, en quelque matière qu’il soit… Ils préconisent également d’asperger le corps du mourant d’eau bénite et, dans le même temps d’effectuer le signe de croix avec un cierge bénit ou une pièce d’argent… Il est également indiqué, pour faciliter le passage du moribond dans l’au-delà, de lui faire embrasser une hache de pierre… Mais si, malgré ces pratiques, correctement réalisées, l’agonie semble pénible, il ne faut pas s’en étonner outre-mesure des plumes de pigeon se trouvent certainement dans l’oreiller, sous la tête du mourant ! La présence de ces plumes interdit – dit-on – à l’âme de s’échapper librement du corps !

     

    LE MARIAGE DU RÊVE ET DE LA VIE…

     

    La boucle se referme sur elle-même… La mort vient de ravir une âme au sein du grand troupeau des hommes. A présent, selon ses actions et pensées du temps qu’il était vivant, le défunt errera, longuement, soumis à la torture du souvenir, ou bien, plus chanceux, embarquera à bord de l’une des barques funéraires de l’Ankou pour rejoindre l’Île des Morts, quelque part au large de Sein… Et la nuit de l’océan, des marais, des sources, des fontaines, et des étangs, des dolmens sacrés, des chapelles hantées, résonnera de soupirs, de gémissements et de hurlements… Au fond des chaumières et des maisons de pêcheurs battues par les vents de tempête, vieux et vieilles se signeront en égrenant leur chapelet pour éloigner les créatures de l’ombre… Et demain, au grand soleil, la vie, quotidienne, jusqu’au prochain crépuscule où, de nouveau, les ténèbres parleront le redoutable langage des morts, des démons et des fées…

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    source- Nostra n° 227 août 1976

     

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    LA MACHINE A VOYAGER DANS LE TEMPS

     

     

    Il est difficile de rester raisonnable quand on s’attaque au mystère du Temps. Quelqu’un a dit : le Temps c’est Dieu, car il est infini, éternel, inconnaissable et tout-puissant. Les dimensions, les notions, tout ce qui est matériel et tout ce qui ne l’est pas, tout peut disparaitre, sauf le Temps qui défie le néant lui-même. Le Temps bleu ou noir, indestructible et patient, tissé de silence et d’inaccessibilité, indomptable.

      

    Dans le domaine scientifique, le Temps est une inconnue qu’on interprète et accommode avec toujours, en fin de compte, une erreur inévitable. Nous ne savons absolument pas en quelle année nous vivons, 19XX-19YY-19ZZ  sont des approximations appuyées sur une incertitude majeur : la date de naissance du Christ. Le Voyage dans le Temps appartient à certaines nécessités mythiques comme l’amour, le rêve, le désir de voler dans l’espace, de gouverner le monde, de punir les méchants et de récompenser les bons. De tous ces vieux désirs, il est le plus tenace et le mieux ancré car dans tout les temps, passés, présents et futurs, il n’y eut, il n’est et il ne sera jamais un homme n’aspirant à un retour sur la chaine de vie.

    Redevenir jeune, revenir seulement une heure, une minute en arrière, miracle auquel s’accroche le malheureux qui tombe dans un précipice, qui voit bondir sur lui l’auto meurtrière ou s’écrouler, frappé à mort, l’ami qu’il aurait pu sauver. Le Voyage dans le Temps est possible, mais, et c’est là ce qui prouve son caractère absolument exceptionnel, il est possible pratiquement et impossible en théorie. Par le cinéma, par le disque, par la pensée, par le rêve. L’homme peut, sinon se projeter dans le futur, du moins se retrouver ou cheminer dans le passé. Ce ne sont là que des évasions spirituelles ou sensorielles auxquelles notre corps ne  participe pas.

     

    Le rêve seul offre l’illusion du voyage réel, avec sensations physiques parfaitement imitées (et souvent parfaitement réelles) : la rose émet son parfum, le coup de canon est assourdissant, le café est amer ou délicieux, la femme que l’on admire est adorablement belle, la volupté que l’on ressent est matériellement vraie. Notre subconscient connait donc un mécanisme scientifique pour se déplacer dans le Temps alors que la science expérimentale, à l’état de veille, ne connait qu’un autre mécanisme, loin d’être aussi dynamique. Mais le mécanisme du subconscient, le Voyage dans le temps du rêve, ne peut être accompli sur commande, il est fortuit. Il n’est aussi illusion et ne ressuscite la vérité du Passé que par des fantasmes et des apparences. Dans le rêve, tout est faux, arbitraire, mesures de distances, temps, opacité, pesanteur, sens logique. Trois vérités seulement sont absolues : le rire, les larmes, la jouissance, et c’est pourquoi le rêve est malgré tout imparfait et que la nécessité du Voyage dans le temps à l’état de veille a toujours hanté les hommes. Parcourir la chaine du Temps présente pour le moment de grandes impossibilités techniques et aussi des impossibilités théoriques dont même les auteurs de science-fiction n’ont pu venir à bout. La science cependant résoudra ce problème – peut-être l’a-t-elle résolu autrefois – puisque déjà la contraction du temps par la vitesse permet d’échafauder des hypothèses de moins en moins invraisemblables.

     

    Le voyage dans le Temps n’est pas lié seulement à la curiosité des hommes, il se rattache à la conquête spatiale. L’étoile la plus proche de la Terre, Alpha du Centaure, est en effet à 4, 5 années-lumière, ce qui, à la vitesse de 36000 km/heure représente déjà un voyage de 130000 ans (2600 ans à 1800000 km/heure). Soit une impossibilité pratique. Pourtant, il semble que les astronautes des OVNI, aient trouvé la solution du problème, soit en contractant le temps, soit en contractant l’espace. Actuellement, aucune donnée scientifique ne permet d’imaginer une telle hypothèse, mais nous avons la prémonition, la certitude même que le temps et l’espace du voyage seront un jour vaincus et que les hommes sauront aller en une fraction de seconde jusqu’aux lointaines frontières du Cosmos. Peut-être par une opération mathématique, peut-être par désintégration, réintégration et transmission de la personnalité à la vitesse de la pensée, qui est infiniment plus grande que celle de la lumière, c’est-à-dire à la vitesse zéro.

     

    L’INGENIEUR EMILE DROUET

     

    En attendant cette lointaine échéance un seul essai sérieux a été tenté par un français, l’ingénieur astronome Emile Drouet. Pendant des années – à dater de 1946 – nous avons participé avec une chimiste, Melle Lucile Berthelot (parente de Marcelin Berthelot), et un lieutenant de l’armée de l’air, aux travaux d’Emile Drouet. Un tableau synoptique accroché au mur de notre studio nous rappelait les premières bases de départ :

    Vitesse Zéro = éternité

    300000 + x = passé

    Zéro—x = futur

    Très vite, le problème de 300000 + x s’était changé en absurdité apparente.

     

    Imaginons un canon braqué sur notre poitrine. On introduit dans le canon un obus qui va être (c’est toujours l’hypothèse) propulsé à la vitesse de plus de 300000 km/seconde. Que va-t-il se passer ? Allons-nous être transpercé, volatilisé désintégré ? Non, Dépassant la vitesse de la lumière, l’obus va retourner dans le passé, c’est-à-dire qu’il va retourner dans la main du servant, dans l’obusier, dans l’arsenal, dans l’usine, dans la mine. Il ne sortira jamais de la volée (le tube) et nous serons sains et sauf.

     

    Mais comment concevoir ce départ de l’obus à 300000 km/seconde ?

     

    En « réalité théorique », les choses ne se passent pas ainsi, mais de toute façon il était techniquement impossible, de 1946 à 1951, d’imaginer un solide atteignant ou dépassant la vitesse de la lumière. Et plus impossible encore – si l’on peut dire – d’aller à la vitesse zéro et plus lentement que le zéro à l’heure. (Ne jamais oublier que la vitesse zéro existe pas dans l’univers). Voici comment Emile Drouet établit d’abord son projet et ensuite une maquette.

    En bref, la Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil. L’ensemble tourne en spirale dans le Cosmos à destination de l’Amas d’Hercule où notre galaxie ira s’abimer dans x  millions ou milliards d’années. En synthétisant à l’extrême, la Terre s’achemine de la Nébuleuse originelle à l’amas d’Hercule. Le temps, bien entendu, est immuable (Pour Dieu éternel tous les temps sont présents. On ne saurait admettre l’Eternité si on lui fixe un commencement et une fin, un Passé et un Futur) et c’est nous qui passons, nous, le globe, les montagnes, les océans, les cités, les maisons, les hommes, comme si, sur une chaine vibratoire, une succession d’images naissaient et mourraient sans relâche. Cette chaine vibratoire, infinie, parait couler comme un paysage vu d’un train alors que seul le voyageur, en réalité se déplace.

    Sur le trajet Nébuleuse-Amas d’Hercule, autrement dit Ponex-Apex, la Terre se situe par exemple au chiffre de l’année 1000 pour le siècle de la Grande Peur, 1789 pour la révolution, 1914 pour la Grande Guerre.

     

    Admettons que nous entreprenions de voyager dans le passé jusqu’à l’an mille. Que va-t-il se passer ? Nous devons quitter notre XXI° siècle à bord d’une fusée spatiale très rapide, perpendiculairement au plan de l’écliptique en direction du Ponex jusqu’au point théorique où se trouverait la Terre de l’an mille. Mais nous ne la verrons point. En effet, nous sommes accordés sur une longueur d’onde-temps en perpétuelle croissance et nous ne percevons que les êtres et les objets accordés à cette longueur d’onde.

    Par exemple, l’homme H = 29 – I – 19XY – 23 h 52’ 24’’ 18/100+  ne peut s’intégrer que dans l’univers-temps de même valeur. Et il change d’univers continuellement à un certain rythme inconnu de périodes-seconde (1/15 pour la perception rétinienne) qui le fait mourir x fois par seconde et ressusciter autant de fois. Cela s’appelle vieillir.

    Donc, nous sommes dans la Ponex, aux portes de l’an mille dont il faut accrocher la longueur d’onde-temps. Un second vaisseau spatial qui a suivi le nôtre possède à bord un radar à modulation de fréquence qui nous met en accord avec cette longueur d’onde-temps de l’an mille (ou avec une harmonique). Immédiatement nous quittons notre XXI° siècle, nous le perdons de vue et nous apercevons le royaume français du roi Robert le Pieux où notre fusée, qui a subi la même transformation que nous, peut se poser.

    Voilà le premier stade du Voyage dans le Temps, expliqué de façon quelque peu romanesque, car les dossiers de l’ingénieur Drouet ne s’adressent pas à un large publie :

     

    L’appareil est libéré, sur place, de la pesanteur par une double rotation engendrant l’accélération centrifuge composée de l’effet de Coriolis, laquelle est perpendiculaire aux axes horizontaux d’une batterie de gyroscopes disposés à l’intérieur. Il faut, mais il suffit que cette force centrifuge soit égale à la pesanteur = I G.

    Condition réalisable par application de la formule :

     

    Je  =  m(2  xr   sin   a  Vr) 2

    ----------------------------

    R

     

    dans laquelle Jc est l’accélération composée, m, la masse des corps soit P= 0’1 tandis que 2 xr exprime la vitesse angulaire de rotation du corps, d’où l’on déduit…

    Ce court extrait n’est que la préfiguration la plus sommaire d’un exposé qui recouvre 200  pages de papier quadrillé.

     

    Ce voyage dans le Passé était un voyage sans retour. Le projet définitif prévoyait un Tore astronautique, ancêtre et père des OVNI, déjà réalisé en maquette en 1946, comme en témoignent plusieurs journaux (Dont Jeudi-Magazine, n° 19, du 10-10- 1946). Ce tore, propulsé de l’équateur par la force centrifuge de la Terre, était un engin parfaitement réalisable, infiniment plus rationnel, plus « intelligent », plus scientifique que les satellites.

    A bord du Tore d’Emile Drouet, se trouvait le radar à modulation de fréquence qui faisait corps avec l’engin et s’accordait avec lui, permettant des raids vers l’Apex ou le Ponex sans nécessité de revenir à la base. La seul base fixe, obligatoire, figée dans le Temps et dans le Cosmos était l’énergie du vide – comme dans l’agravitation – qui existait aussi bien en l’an 1000 qu’en l’an  -- 250000.

    Nous vous ferons grâce des détails techniques, qui furent étudiés par James Forrestal, pour un projet de satellite terrestre américain, et par le Centre de Recherches Scientifiques de Meudon.

    On réalisera l’importance de la découverte de l’ingénieur Drouet en sachant que son Tore astronautique de 200 mètres de diamètre (là se trouvait peut-être l’écueil, encore que la résistance des matériaux eût été sévèrement calculée), ce Tore donc, pourvu de gyroscopes, tournait sur le un lac équatorial et était propulsé par la force centrifuge terrestre à la vitesse  initiale de 108000 km/heure sans accélération. Ces 108000 km/heure sont exactement la vitesse de la rotation de la Terre autour du soleil. Nous nous en accommodons fort bien.

    Ainsi se trouvait résolu, théoriquement, le problème du Voyage dans le temps. Le milliardaire Williamson, roi du diamant, fut contacté pour la réalisation du projet Drouet. Son coût, en 1946, était de 2 milliards de franc et, il faut bien le reconnaitre, avec des risques immenses d’échec qui effrayèrent M. Williamson. Une telle entreprise ne pouvait être envisagée qu’à l’échelle d’une grande nation.

     

    LA VICTOIRE DE WATERLOO

     

    La maquette du Tore Astronautique ne connut qu’une heure de gloire : sur le plan d’eau d’une sablière à Vigneux-sur-Seine, à l’intention des photographes. A vrai dire, cette solution du Voyage dans le Temps laissait subsister de nombreux points obscurs. Revenons à notre hypothèse : les Voyageurs du Temps vont sur la Terre de 1815, à Waterloo, guident Grouchy vers le champ de bataille, déroutent Blûcher et donnent la victoire à Napoléon. Allons plus loin : nos Voyageur vont en l’an 1769 et assassinent Bonaparte enfant ; Napoléon n’existera jamais ! Comment concilier l’inconciliable, ce qui fut avec ce qui ne fut pas ? Napoléon victorieux alors qu’il fut battu ? L’ingénieur Drouet ne voulait pas entendre parler de cette évidence absurde, et se cantonnait dans son rôle d’ingénieur astronome.

    Vous me parlez philosophe, disait-il, et je ne suis pas un philosophe !

    Si bien que pour demeurer dans la logique et pousser jusqu’au bout l’expérience, nous dûmes échafauder une théorie fascinante : les harmoniques de la chaine vibratoire de vie. L’histoire des hommes, la vie des hommes se déroulerait sur une chaine vibratoire de vie ou chaine principale.

     

    Sur cette chaine – pour prendre le cas de Napoléon, - nous trouvons le coup d’Etat du 18 Brumaire – Bonaparte 1 er Consul – couronné empereur – la victoire d’Austerlitz – l’abdication de 1814  Waterloo en 1815 – la mort à Sainte-Hélène en 1821. Rappelons-nous les anciens postes de radio - ceux de 1927 – si peu sélectifs que l’on prenait une émission à la fois sur la longueur d’onde 522 mètres, et sur toutes les harmoniques de 522 : soit 696 mètres – 870 mètres – 1044 mètres, etc. On pouvait, en se branchant sur 1044 mètres, entendre en même temps un poème sur 1044 mètres, de la musique espagnole sur 870 mètres et une chanteuse d’Opéra sur 522 mètres. Cependant, à puissance égale d’émission, c’est le poème qui dominait les autres perceptions, musique et chant ne formant en somme qu’un fond sonore.

    Or, c’est ce qui se produit avec une vibration : Elles ont toutes des harmoniques et la Chaine de Vie a des harmoniques où Napoléon nait, gagne des batailles, en perd d’autres et meurt à Sainte-Hélène. Que les Voyageurs se déplacent dans le Temps, et ils atterriront mathématiquement sur un des harmoniques, lesquels sont en nombre infini. Sur cet harmonique, tout s’est passé comme sur la chaine principale, mais en pointillé si l’on peut, dire ou encore de manière révocable, car il ne s’agit en fait que d’une induction. Si l’on fait passer un courant propre à cet harmonique, c’est ce courant qui l’emportera.

     

    Sur l’harmonique n° 1, les Voyageurs du Temps pourront donc faire gagner Napoléon à Waterloo et, en 1821, il sera le Maitre du Monde.

    Sur une harmonique n°2, Bonaparte manquera son coup d’Etat, sera condamné à mort, gracié, envoyé en exil.

    Sur un harmonique n° 3, il échouera encore le 18 Brumaire, prendra la fuite et finira sa vie dans un monastère.

    Sur une harmonique n°4, les Voyageurs ont apporté un virus grippal avec eux et Bonaparte meurt à 8 ans. Napoléon n’existera jamais.

     

    Voilà peut-être résolu un problème qui arrête tous les théoriciens : retourner dans le Temps, modifier le déroulement de l’Histoire et pourtant conserver la vérité historique vécue. Là encore, les dossiers de l’ingénieur Drouet et nos propres notes n’empruntent pas exactement – tant s’en faut – au vocabulaire de cet article. Il était question de vérité absolue, de vérités relatives et de vérités en projection. Admettons, écrivait l’ingénieur astronome, la simultanéité des contraires et le principe des harmoniques de la Chaine de Vie, perceptibles dans l’astral sur l’écran d’un radar à modulation de fréquence…

     

    Le Voyageur dans le Temps – Passé et Futur – selon le projet Emile Drouet, se composait d’une première partie techniquement réalisable (ou qui sera dans un proche avenir) : le voyage vers le ponex et vers l’apex avec le Tore astronautique. D’une seconde parie incertaine : l’accord avec le radar à modulation de fréquence. D’une troisième partie hypothétique : la théorie des harmoniques. D’aucuns jugeront que ce voyage dans le Temps relève uniquement de la science-fiction. C’est partiellement vrai, pourtant le Tore astronautique d’Emile Drouet nous paraît plus scientifiquement valable que les fusées dans l’espace ou tous satellites. C’est un principe analogue qui, un jour, détrônera le système boulet du canon et alors peut-être songera-t-on à étudier et à mettre au point un accordeur d’ondes-temps. Et si déjà des Voyageurs du Temps étaient parmi nous ? S’ils se cachaient à l’intérieur du mont Shasta ? Il est curieux de signaler, ne fût-ce que pour les archives des temps à venir, que des théoriciens avancent cette hypothèse :

     

    On peut admettre que dans plusieurs siècles, voire même dans plusieurs millénaires, le Voyage dans le Temps sera une réalité et une possibilité pratique.

     

    Or, si par exemple, en l’an 5000 des hommes peuvent remonter le Passé ou parcourir le Futur, il devient il devient vraisemblable de penser qu’ils ont eu le désir ou la curiosité de s’intégrer à notre époque. Les OVNI sont peut-être le mode de locomotion de ces pirates du Temps ?

    Nos savants, les magnats du capitalisme, du marxisme et de toute puissance sociale ou politique, sont peut-être des Voyageurs du Temps. Ils agiraient soit dans de buts lucratifs, soit comme conducteurs éclairés. Comme le savoir.

     

    Semblables à Moïse, à Gerbert, à Jechiélé, à tous les grands initiés de l’histoire (qui étaient peut-être des hommes des années 5000 ? 10000 ? ou 1000000 après J.C.) ils tiendraient secret leur caractère, leur nature, leurs connaissances supérieurs en biologie et en physique transcendante, connaissances leur permettant d’usurper par induction psychique (en habitant l’intellect conscient ou le subconscient) la personnalité de Nixon et de Mao, ou de Chirac.

     

    A l’insu, bien entendu Voyage dans le Temps, des êtres dont ils violent le « moi » et dirigent l’action. De toute façon, induction ou incarnation, leur identité physique serait indécelable. Le Voyage dans le Temps, réalité de demain, nous donne la certitude que les voyageurs du futur sont parmi nous. S’identifiant à la Conquête du Cosmos, le Voyage dans le Temps, aussi longtemps qu’il ne sera pas résolu, constituera la Mur de la Défense que des forces supérieures semblent  avoir édifié entre l’homme et les connaissances sacrilèges. Mais l’homme n’a peur de rien, pas même de son destin tragique, et même s’il doit perdre une seconde fois sa part de Paradis, il forcera la porte interdite.

      

    CLAUDE BURKEL pour la taverne de l'étrange 

    Sources : Les grands Secrets de Chantelain.

    Mes recherches personnelles et celles de Robert Charroux- mai 2009

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    LES BOUDDHAS portent parfois malheur…

    …Pour se venger d’avoir été volés ou acheté !

     

    Il y a, de part le monde, un très grand nombre de bouddhas, statues ou statuettes, de toutes tailles, de toutes valeurs, insignifiantes ou inestimables. Mais tous ont une âme, mis à part bien sûr, ces statuettes-bibelots destinées à la faune cosmopolite des touristes qui les ramènent comme souvenir et le plus souvent comme un objet de décoration.


    Les statuettes ou statues de bouddhas sont, soit en or, en argent, bronze, cuivre, soit en bois, en ivoire, en porcelaine ou même en plâtre. On a même vu au Cambodge, des bouddhas en ciment armé extrêmement solides et lourds ! Les plus petits bouddhas ont quelques centimètres de hauteur et le plus grand faisait 53 mètres de haut : c’était le bouddha de Bamian en Afghanistan (détruit en…) qui datait du IIIe ou IVe siècle et qui se trouvait dans deux anfractuosités de la falaise. Le plus beau, est sans doute, le célèbre bouddha d’Emeraude, ce n’est pourtant pas le plus imposant cat il ne mesure que 70 cm de haut. Il n’est pas taillé dans l’émeraude mais dans un jade très pur et est considéré comme l’objet le plus sacré de toute la Thaïlande. De nombreux bouddhistes croyants font exécuter des bouddhas ou en font ériger de très grands à la suite d’un vœu qui a été exaucé. Suivant la fortune des uns et des autres, les bouddhas sont soit en métal précieux ou simplement en ivoire, en porcelaine, en bois sculpté, voire en ciment ou en plâtre. Puis, une cérémonie a lieu à la pagode où le bouddha est consacré : il a reçu une âme bienfaisante, il arrive par contre qu’à la suite d’incantations mal faites ou de cérémonies mal ordonnancées, les statues n’aient pas reçu « l’âme bienfaisante ».

    C’EST EXTRÊMEMENT RARE MAIS PLUSIEURS CAS S’ETAIENT PRODUITS EN CHINE OU LES BOUDDHAS DEVINRENT PAR LA SUITE MALFAISANTS OU TOUT SIMPLEMENT MALICIEUX.

    Un médecin français en avait sans le vouloir fait l’expérience. A la suite d’un voyage dans la province du Yu-nan, il avait été séduit par un très beau bouddha qu’il avait acheté et ramené en France avec lui sur le bateau. Tout au long du voyage, ce médecin souffrit de rages de dents insoutenables, lui qui avait une dentition absolument saine. Il se posa toutes sortes de questions, mais jamais ne pensa à la statuette. Une fois rentré en France, il la rangea soigneusement dans la vitrine de sa villa de Marseille et repartit à Paris. Les maux de dents cessèrent aussitôt mais ils reprirent de plus belle chaque fois qu’il rentrait à Marseille sans qu’il arrivât à comprendre les raisons de ce curieux phénomène jusqu’au jour où un ami sinologue lui conseilla de se débarrasser de se petit bouddha. Il le vendit à un antiquaire de Paris qui aussitôt connut toutes sortes d’ennuis lesquels prirent fin le jour où le bouddha fut exorcisé par un lama tibétain. Le lama avait enlevé de la statuette l’âme malicieuse représentée par une petite tablette sur laquelle était écrit le nom de la divinité qui habitait le bouddha. A partir de ce moment, les effets maléfiques cessèrent définitivement et le bouddha devint neutre.

    Voici l’histoire d’un bouddha devenu malfaisant à la suite d’un sacrifice. Le cas s’était passé au Vietnam, à la frontière du Cambodge, dans la province de Chandoc ; un riche propriétaire cambodgien avait fait ériger une pagode à la suite d’un vœu qui s’était accompli. Des cérémonies avaient été célébrées afin de consacrer le bouddha en argent qu’il avait offert à la pagode ainsi que la pagode elle-même. Tout se passa fort bien jusqu’au jour où une calamité s’abattit sur le village. C’était en 1940, une bande de pirates était venue piller le village et emporter le bouddha en trophée, ignorant que la vengeance du bouddha ne tarderait pas à s’abattre sur eux. En se retirant, les pirates devaient traverser le Bassac, un des bras du puissant Mékong, quand une tempête s’éleva soudain, engloutissant la barque dans laquelle se trouvait le chef des pirates.

    TOUS LES OCCUPANTS PERIRENT NOYES, MAIS O MIRACLE, ON RETROUVA LE BOUDDHA D’ARGENT ECHOUE SUR LA BERGE NON LOIN DU VILLAGE DONT IL ETAIT LE GENIE TUTELAIRE.

    Les villageois le ramenèrent de nouveau dans la pagode où il reprit sa place. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, en 1945, lors des émeutes, des Japonais mirent le feu à la pagode et l’un d’eux en profita pour emporter le bouddha en cachette. Quelques heures plus tard, ce Japonais fut traversé par des balles perdues et c’est ainsi que ce méfait fut découvert. Le bouddha fut donc restitué aux villageois quand peu de temps après, les communistes, passant par là, s’emparèrent à leur tour de la relique et la firent fondre pour récupérer l’argent. Mais la vengeance ne tarda pas à se manifester : toute la troupe fut totalement décimée par l’explosion de la cargaison de munitions et de grenades qu’ils transportaient avec eux sur un sampan. Et, depuis, on n’a jamais repêché le lingot d’argent qui formait la statue du bouddha. Certains pêcheurs prétendent qu’ils sentent le poids de l’ancienne statue dans leurs filets mais ne sont jamais arrivés à la repêcher. D’autres assurent que par les nuits de pleine lune, la statue du bouddha flotte au milieu du fleuve à la surface de l’eau mais s’enfonce aussitôt dès qu’ils tentent de l’approcher. C’est comme un bouddha mort.

    La Laos était réputé très riche en bouddhas. C’était pour cette raison qu’au cours du XIXe siècle, le haut et le moyen Laos furent parcourus par de hordes de Kes (Vietnamiens), de (Chinois), et de l’Ama (Birmans) et aussi par des troupes siamoises. Tous ceux-là à leur tour détruisirent des pagodes, mutilèrent de nombreuses statues afin de récupérer les métaux précieux. Le plus dur labeur ne les faisait pas reculer même s’il n’était payé que par un gain infime.

    EN EFFET, DE NOMBREUSES STATUES FURENT DEPOUILLEES DES TROIS RAIES D’ARGENT MINCES QUI MARQUAIENT A L’ ORIGINE LES PLIS RITUELS DU COU, DU CONTOUR DES LEVRES, ET LES GLOBES DES YEUX.

    Quand le poids n’était pas trop lourd, les pillards emportèrent les statues dans leur refuge où ils purent ainsi opérer en toute tranquillité. Ainsi, plus tard, on a pu retrouver quantité de nids de bouddhas morts, dissimulés dans l’herbe et abandonnés dans la forêt depuis des siècles. Des nids importants ont été retrouvés à l’extrême nord-ouest de l’Indochine, à Sam-nua et à Dien Bien Phu, à Muong U-Nua et Muong U-Tai en pays Lu ainsi que sur la route Viêt-Nam. A Luang Prabang vers Xieng-Det se trouve une grotte dans laquelle s’amoncelle un dépôt important de bouddhas : en tout, une vingtaine de bouddhas morts, un en or massif de 20 cm de hauteur, un en argent et le reste en bronze. Toutes ces statues sont rangées sur une stalagmite en forme de piédestal à plusieurs étages. Le dépôt le plus fabuleux fut découvert en 1912 par le colonel Henri Roux dans deux grottes au Laos, toujours. L’une d’elles, la grotte supérieure, se trouve sur la rive droite du Mékong, au confluent de la rivière Nan-U à 20 km environ de Luang Prabang. Dans cette grotte, il y avait un amoncellement indescriptible, de bouddhas, jetés pêle-mêle, sur le sol ; un tas qui faisait 10 mètres de long sur près d’un mètre de hauteur ! Il y avait là des bouddhas de toutes tailles et de toutes matières : en bronze, en corne, en ivoire mais surtout en bois, tous plus ou moins mutilés car ils avaient été piétinés, écrasés par les pillards qui cherchaient les pièces rares. Fort heureusement, peu de temps après, le roi du Laos, Sisavong Vong, donna l’ordre de les ranger tous soigneusement.

    TOUTES LES STATUES FURENT DONC ALIGNEES, SUR LES ESTRADES NATURELLES QU’OFFRENT LES STALAGMITES DES DEUX GROTTES. ON APPELLE PARFOIS LA GRANDE GROTTE, LA GROTTE AUX MILLE BOUDDHAS. « BOUDDHAS MORTS, BOUDDHAS FOUS »…

    Après le départ des hordes pillardes qui avaient dévasté les pagodes, les habitants revinrent dans leur village, offrirent aux bouddhas maltraités une cérémonie expiatoire pour demander et obtenir leur pardon de n’avoir pas pu les protéger. Si au cours de l’année suivante, le pays ne souffrait pas d’épidémie, si la récolte était bonne, si aucun incendie ne détruisait les maisons, ils concluaient avec joie que les bouddhas étaient réconciliés avec les hommes. Si par contre, les années suivantes étaient malheureuses et pleines de calamités, c’était le cas le plus fréquent, les bouddhas étaient considérés comme fâchés et morts au bien mais non au mal : c’étaient des bouddhas fous. En 1912, le colonel Roux travaillait pour le compte du service géologique dans la région de Ban Ban. Le gouverneur du district lui indiqua, à 3km du village, trois bouddhas morts en lui disant que, s’il emportait ces statues, la prospérité reviendrait dans le pays. Ce que le colonel Roux accepta aussitôt de faire et il se laissa conduire par le gouverneur vers l’endroit où les pillards les avaient abandonnés depuis 1873. Après quoi, le Laotien rentra chez lui, car il ne voulait en aucun cas être vu par les bouddhas morts. Le colonel Roux trouva effectivement deux bouddhas en bronze noir de 1 mètre de hauteur, debout, les bras tendus en avant, et un troisième en bronze clair assis sur un socle de feuilles d’acanthe.

    LE SOIR MÊME, LE GOUVERNEUR LUI EXPLIQUA QUE LE BOUDDHA EN BRONZE CLAIR ETAIT VRAIMENT ENRAGE CAR APRES LE DEPART DES HORDES, L’AYANT TRANSPORTE CHEZ LUI, IL AVAIT FAILLI MOURIR D’UN MAL MYSTERIEUX.

    Quelques années plus tard, son collègue le gouverneur de Xieng Kuang avait failli mourir dans les mêmes conditions à cause de ce bouddha. Plus tard, un de ces successeurs le dénicha de nouveau de la forêt, le ramena chez lui ; il … devint brusquement fou et le resta toute sa vie ! Il faut remarquer que ce n’est pas par goût du pillage que les bouddhas avaient été emportés. Parfois il y a un but de vengeance ou de volonté de priver son adversaire d’un palladium qui le protège, ce fut le cas en 1826. Les Siamois, vainqueurs du roi de Vientiane, avaient emporté à Bangkok le P’ra Bang Dan Tha, un bouddha en or massif, représenté les deux mains en avant. Mais, à Bangkok, le P’ra Bang se retrouva voisin du bouddha d’Emeraude, lequel avait été retrouvé miraculeusement à Lampang dans une gangue de plâtre après plusieurs siècles de disparition. Or, les deux bouddhas avaient chacun une personnalité très accusée et il se trouva que le P’ra Bang et le bouddha d’Emeraude ne s’entendaient guère.

    ILS LAISSAIENT VOIR LEUR MECONTENTEMENT EN FAISANT ABATTRE SUR LE ROYAUME DU SIAM UNE SERIE DE CALAMITES JUSQU’AU JOUR OU UN MOINE ERUDIT CONSEILLA DE SEPARER LES DEUX STATUES.

    Le P’ra Bang fut transporté à quelques kilomètres de Bangkok dénommée à l’époque Krung T’ep (villes des Devas). La situation dans le pays s’améliora alors mais pas suffisamment encore car les deux bouddhas étaient encore trop proches l’un de l’autre. Le roi bonze Rama IV qui régna sous le nom de Roi Mongkut fit restituer en 1864 au Laos le P’ra Bang. Grâce à lui, et à sa sage décision, la prospérité revint définitivement dans les deux pays.


    Tyron- Données personnelles- 1 juin 2010

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    QUE PENSER DU VENDREDI 13 ?

    Superstition, coïncidence ou influence réelle…

     

    Lucrère, l’illustre poète latin, et Plutarque, historien grec, invectivèrent magistralement contre la superstition. Cependant, pourrait-on affirmer que leurs arguments étaient péremptoires ? Ne convient-il pas de méditer également cette réflexion, signée de Napoléon : « Je n’aime pas les esprits forts ; il n’y a que les sots qui défient l’inconnu. » Quoi qu’il en soit, les gens superstitieux pourraient excepter de références de poids- s’il en fallait- en citant les personnages célèbres qui crurent fermement aux jours, aux nombres, aux signes, aux couleurs fastes ou néfastes. Objectivement, voici des faits authentiques et dûment contrôlables.

    La croyance à un pouvoir maléfique (encore que certains, mais ils sont rares, le jugent plutôt bénéfique) du nombre 13 n’existe que dans la civilisation chrétienne. Selon les historiens des superstitions, elle remonterait d’ailleurs au dernier repas du Christ lors de la Pâque célébrée avec les apôtres. Pâques vient du latin pascha, lui-même issu de l’hébreu pessah, qui signifie « passage » et qui évoque la sortie d’Egypte avec la traversée de la mer Rouge. Moïse imposa la célébration de cet anniversaire le soir du quatorzième jour de Nizan, le premier mois du printemps. Peu de temps avant la Passion, Jésus voulut célébrer cette fête avec ses disciples. « Le soir venu, lit-on dans l’Evangile selon saint Marc, Jésus vint avec les douze apôtres. Comme ils étaient à table et mangeaient, Jésus dit : « Oui, je vous le dis, l’un de vous va me livrer, un qui mange avec moi ». Ils commencèrent à s’attrister et à lui dire un par un : « Est-ce moi ? » Il leur dit : « L’un des douze, un qui trempe au plat avec moi. Car le fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui, mais malheur à l’homme par qui le fils de l’homme est livré ». De là l’origine de la crainte du nombre 13, parfois également appelé « nombre de Judas ». Quand on se trouve treize à table, dit-on, l’un des convives mourra dans l’année, à l’instar du Christ. Cette croyance a donné naissance à un curieux métier de la Belle Epoque, au temps de la grande mode des dîners en ville, celui de « quatorzième ». Quand une maîtresse de maison s’apercevait qu’elle n’avait que treize invités, elle s’empressait de louer auprès d’une agence spécialisée un quatorzième, personne de bonne éducation sachant se bien conduire dans le monde mais à court d’argent, qui conjurait le mauvais sort par sa présence.

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    Superstitieux comme on l’était à son époque, Christophe Colomb considérait le vendredi comme un jour favorable à ses entreprises. Aussi, est-ce le vendredi 3 août 1492 qu’il quitta le port de Palos, pour la prodigieuse aventure océane qui allait le conduire à la découverte du Nouveau Monde. Le vendredi 12 octobre 1492, il abordait à San Salvador. Le vendredi 4 janvier 1493, il prit le chemin du retour et, le vendredi 15 mars 1493, son entrée dans le port de Barcelone était saluée comme un des évènements les plus importants de l’histoire moderne.

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    Dans la vie fabuleuse de Napoléon, 5 vendredi (dont un vendredi 13) ont été de grandes dates. Le vendredi 23 avril 1779, il entrait à l’école de Brienne ; le vendredi 13 décembre 1799, il était nommé Premier Consul ; le vendredi 18 mai 1804, il accédait à l’Empire. Mais le vendredi 11 août 1815, il partait définitivement pour l’exil. Son destin avait tourné. Enfin, le vendredi 7 mai 1838, le roi Louis-Philippe recevait, de l’Angleterre, la dépouille de l’Aigle.

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    Avant d’engager un combat naval, l’amiral Nelson ne manquait jamais de vérifier si le fer à cheval qu’il avait fait clouer au sommet du grand mât, était bien en place.

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    Victor Hugo, dans son « Journal », ne dissimulait pas qu’il appréhendait le nombre 13. Il note, par exemple, qu’il quitta Paris le 13 février 1871 pour se rendre à Bordeaux où siégeait l’assemblée nationale. Dans son wagon-salon, il compta 13 voyageurs. A Bordeaux, on lui avait réquisitionné un appartement au n°13 de la rue Saint-Maur. Au cours de la nuit du 13 mars 1871, relisant ses mémoires, il relevait ces coïncidences bizarres, quand on vint lui annoncer la mort subite de son fils Charles. Une autre fois, ayant 14 invités à dîner, et l’un d’eux s’étant excusé au dernier moment, il fit monter son cocher, afin de n’être pas 13 à table.

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    Gabriele d’Annunzio a conté que, le vendredi 13 décembre 1907, il fut victime d’un grave accident au théâtre Argentina, à Milan. Il en attribuait la responsabilité à la conjonction du vendredi et du 13, d’autant plus volontiers que, ce matin-là, précisait-il, son courrier contenait 13 lettres, l’après-midi, il avait pris un fiacre portant le numéro 13, la course lui avait coûté 13 lires, au déjeuner, ils étaient 13. Après cela, comment s’étonner de découvrir, sous la dédicace d’un de ces livres, expédié d’Arcachon, en 1913, la date ainsi libellée : « Arcachon, le 2 janvier 1912+1 » ?

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    Alexandre Dumas, Théophile Gautier et Sainte-Beuve se trouvaient, un soir, au fameux dîner Magny. Au moment de s’asseoir, ils s’aperçurent qu’ils étaient 13. Ils refusèrent de prendre place avant que le restaurateur leur eût confié son garçonnet pour faire le quatorzième.

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    Jules Massenet (nom composé de 13 lettres) redoutait, cela est notoire, le nombre 13. Il évitait surtout de l’écrire, aussi n’y avait-il jamais de page 13 dans ses manuscrits. Il passait de la page 12 aux pages 12 bis et 14. Pour éluder les 13 lettres de son nom, il signait « Massenet », tout court, et ses cartes de visites portaient seulement « Monsieur Massenet ». N’empêche qu’il mourut un 13, en 1912 (1+9+1+2=13).

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    Edmond Rostand (nom composé de 13 lettres), croyait à l’influence bénéfique du 13. Il débuta avec les Musardises (titre de 13 lettres). Elu au 13e fauteuil de l’Académie française, il en fut le 13e titulaire.

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    L’infortuné président de la République française, Paul Deschanel (nom composé de 13 lettres) s’était marié un vendredi 13. Sa candidature à l’Elysée avait été présentée par la chambre, un 13.

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    Par contre, Gaston Doumergue, le « président souriant », avait été élu un vendredi 13 (juin 1924), et il était le 13e président de la République, dans la 13e législature. Son septennat fut heureux.

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    La célèbre cantatrice Lily Pons a maintes fois déclaré qu’elle était certaine de l’influence favorable du 13, et plus encore du vendredi 13. Autant que possible, elle s’arrangeait pour que les actes importants de sa carrière eussent lieu sous ces auspices. Jusqu’au numéro minéralogique de sa voiture qui était, aux USA : « L.P. – 13 ». C’était une faveur de son admirateur et ami, le président Roosevelt.

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    Plus près de nous, la capsule Apollo XIII victime d’un accident, avait pris son envol un 13, à 13 heures 13.

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    Joe Vandekhoever, un fermier américain de l’Illinois, est décidément voué au nombre 13. Né le 13 novembre 1913, il servit durant la Seconde Guerre mondiale en Europe comme ambulancier et son véhicule sauta sur une mine le 13 février 1945, lui occasionnant de profondes blessures aux jambes. Le 9 avril 1982, il ressentit de lancinantes douleurs au-dessous du genou droit. Un examen radiologique révéla que des éclats de mine, en se déplaçant, irritaient la rotule. Le chirurgien qui devait l’opérer le lendemain eut un empêchement et ne put faire son intervention que le 13. Et quand Joe Vandekhoever sortit de son anesthésie, ce fut pour voir sur une assiette placée sur sa table de chevet treize petits éclats d’acier !

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    Le pape Sixte-Quint condamna à plusieurs reprises toutes les superstition ayant trait au vendredi, comme celle qui affirmait que toutes les chemises cousues le vendredi attiraient les poux. Mais lui-même n’était-il pas superstitieux quand il affirmait que tout lui réussissait ce jour-là ? Il est vrai que c’était le jour de sa promotion au cardinalat, de son élection à la papauté et de son intronisation. Au Moyen Age, les autorités ecclésiastiques trouvèrent un subterfuge pour ancrer dans les masses l’idée que le vendredi n’était pas un jour maléfique : c’était de faire signer ce jour-là les « lettres de rémission ». On appelait ainsi les actes par lesquels un inculpé était définitivement déchargé du crime qui lui était imputé, soit parce qu’il avait prouvé son innocence, soit parce qu’il avait réussi à prouver que son acte avait été commis en état de légitime défense. Cela correspondait donc en gros à un non-lieu ou à un acquittement, mais devait être décidé par le roi et non par les juges. Or, à l’instigation de l’Eglise, le chancelier royal prit l’habitude de sceller le vendredi ces lettres tant attendues de tous ceux qui avaient eu maille à partir avec la justice, assez expéditive à l’époque. Avec ce vendredi et ce 13 aussi craints, on comprend aisément que le vendredi 13 soit le jour de l’année le plus soumis au destin. En fait, pour les astrologues, le vendredi 13 n’a pas de valeur particulière en soi, ni maléfique ni bénéfique. Tout dépend de sa tonalité astrale, cette dernière étant fonction de la planète gouvernant le premier jour de l’année. Nous venons d’aborder deux superstitions prenant leur source dans l’histoire religieuse. D’autres sont, en fin de compte, l’émanation du bon sens. Ainsi, quand on passe sous une échelle, on a plus de chances de recevoir quelque chose sur la tête qu’en faisant un détour pour l’éviter. Mais il n’en va pas toujours ainsi.

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    A-t-on remarqué que les Etats-Unis semblent voués au 13 ? Ils furent fondés avec 13 Etats. Sur leur premier drapeau, les « stars and stripes » étaient au nombre de 13. Leurs armoiries portent 13 étoiles au front L’aigle central tient, d’une serre, un rameau d’olivier, et de l’autre 13 carreaux de Jupiter. Chaque aile de l’aigle a 13 plumes. Recouvrant presque entièrement le corps du rapace, on distingue un écusson à 13 rayures.

    Durant la période de l’entre-deux-guerres, un Club des Treize s’était fondé à Paris. Il s’agissait d’une réunion très fermée de 13 hommes d’affaires importants, anciens officiers combattants… et anti-superstitieux. Statutairement, ils devaient se réunir tous les vendredi 13 (c’est-à-dire deux ou trois fois l’an) pour déjeuner, à 13 heures, dans le 13e arrondissement, et, dans la mesure du possible, dans un restaurant situé au numéro 13 d’une rue quelconque. A l’issue du premier déjeuner, l’un des convives mourut d’apoplexie (peut-être d’indigestion ?) en rentrant à son bureau. Le Club des Treize avait vécu.

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    De tels exemples, on pourrait en citer à l’infini. Pour démontrer quoi ? Rien. Rien ; sinon qu’il y a des conjonctures vraiment étranges dans la vie de tous les jours. Touchons du bois, quand même et gardons l’œil ouvert et le bon si possible…

     

    Tyron – Mai 2010

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