•  … IL Y A ENCORE DES CANNIBALES

    UNE PRATIQUE QUI EXISTE DEPUIS TOUJOURS SUR TOUT LES CONTINENTS…

     

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    Le bouillon dégageait un arôme sucré. On voyait ses « yeux » larges à sa surface, car il n’était pas question, ce jour-là, de passer si peu que ce soit l’écumoire. Toute la famille avait assisté à sa présentation dans le plus profond recueillement. L’instant était venu, enfin, pour la mère ou pour la plus âgée des sœurs, d’en emplir un plein bol et de le porter, dévotieuse, à l’aîné des garçons. Celui-ci entamait son repas, épié par les autres, avec plus ou moins de vaillance.

     

    Parfois il était pris d’une nausée, torturé d’un haut-le-cœur, car pour du bouillon gras, s’en était. Mais il se ressaisissait et reprenait, stoïque, sa lente ingestion. Ou bien il renâclait, il renonçait, il « calait ». Et c’était la catastrophe : il s’entendait déchoir, séance tenante, de son droit d’aînesse, victime de cet Esaü de la Bible qui paya, un jour, du même prix, sa fringale de lentilles. Mais qu’avait-elle donc de si important cette tasse de consommé ? Un détail dans la recette, simplement : on l’avait obtenu par cuisson lente d’un corps d’homme, celui du père décédé. Ce breuvage seul pouvait transmettre au nouveau chef de famille le courage, la sagesse et toutes les qualités, toutes les vertus du défunt. N’était-ce pas une raison suffisante pour mettre le feu papa à feu doux ?

    Ainsi procédait-on, dans nombre de familles de la Chine antique, chaque fois que le deuil la frappait en la personne de son chef vénéré et incontesté. C’était un banquet funéraire plutôt frugal, mais riche de signification, de pouvoirs, et d’ailleurs imposé par les dieux. Ce cannibalisme-là n’avait rien de spécialement gastronomique ; c’était un rite pieux, au contraire, basé sur des certitudes que l’on retrouve dans bien des contrées du globe, en bien des époques de l’Histoire. Car le cannibalisme – l’anthropophagie comme les ethnologues préfèrent l’appeler – à beaucoup sévi de par le monde. Avec ses aspects spécifiques et traditions propres pour chaque groupe. Dessins humoristiques aidant, les Européens s’en font souvent une idée fausse et saugrenue qu’ils en arrivent à nier sa réalité. Il s’agit toujours de gros Noirs (c’est donc de l’humour  noir ?) employés à tourner à la broche, ou à mitonner dans une marmite, un explorateur blanc proprement ficelé, avec tous ses vêtements encore et son casque bien vissé sur la tête. A croire que le cannibalisme est contemporain de l’ère coloniale. Alors qu’il est antérieur… à l’homme lui-même. A condition d’admettre, bien sûr, que l’homme descende du singe. Les anciens singes, oui, se dépeçaient les uns les autres, s’étripaient à quatre mains et se dévoraient entre-eux. Leurs descendants ont renoncé, semble-t-il, à cette coutume patriarcale. Les hommes se mirent à en faire autant, et ce furent, sans doute, leurs toutes premières singeries d’une histoire qui ne finirait jamais. On a pu établir que la consommation de chair humaine avait une certaine importance dans le paléolithique, qu’on avait ouvert des boucheries anthropophagiques, ou leurs équivalents, à l’âge de pierre, soit 12000 ans avant notre ère.

    Des preuves formelles ont été recueillies sur l’époque du Néolithique (la période de l’ère quaternaire qui va de 5000 à 2500 avant J.-C., grâce à des fouilles pratiquées sur l’emplacement d’antiques cités lacustres. On devait constater, enfin, avec une certaine stupeur de ce type. Des hommes de tous les groupes ethniques, de toutes les origines, se sont entredévorés, au point qu’il faudrait réclamer l’internationalisation du vieux dicton : « L’homme est un loup pour l’homme ». L’étude de ces questions peut s’effectuer, à ce compte, continent par continent. Des preuves de « cannibalisme européen » ont été recueillies à Cheveau, en Belgique : des ossements d’adolescents et de femmes ramenés au jour portaient des traces évidentes de cuisson, de préparation culinaire. En Yougoslavie, sous une roche de Zagreb, on a découvert les restes de 21 hommes ou femmes dont il était évident qu’ils avaient été, en d’autres temps, « inscrits au menu ». On a pu noter, plus spécialement, que les os de grande dimension étaient fracturés et brûlés, que le crâne avait été fendu pour permettre l’extraction de la cervelle, ce morceau de choix. En ce qui concerne les Romains, c’est plutôt aux textes qu’il faut se référer. On pense qu’ils pratiquaient surtout les sacrifices humains – à caractère alimentaire – au temps des moissons, des récoltes, des vendanges pour témoigner d’une certaine idée d’opulence. L’Empereur et historien Gallien (du IIIème siècle de notre ère) a laissé des récits extrêmement précis à cet égard. Nous trouvons plus proche encore : au IVème siècle, les Attacottes, peuplade bretonne, se nourrissaient volontiers de chair humaine. En gourmets, semble-t-il, et avec une prédilection pour les seins des vierges et les fesses des adolescents.

    Au 8ème siècle, sur les territoires qui constituent les actuelles Roumanie et Yougoslavie, on procédait dans un tout autre esprit : on mangeait – quitte à les déterrer – les cadavres des suspects de vampirisme. C’était, paraît-il, un vaccin pour ne pas devenir vampire soi-même. La même croyance se retrouvait dans les Balkans, au 18ème siècle. Mais il existait déjà, sur ces territoires, un long passé de cannibalismes : à l’époque du Moyen Age, des sorciers et des sorcières mangeaient en cachette la chair de jeunes enfants. Mais pas entièrement : ils gardaient la graisse pour les mystérieuses onctions pratiquées dans les cérémonies de sabbat. Les 13ème siècles italien vit les « hérétiques » des deux sexes s’assembler de nuit pour chanter des hymnes. Mais, à un moment donné, ils ne chantaient plus ; ils éteignaient les chandelles et s’accouplaient dans l’obscurité, au hasard d’une bizarre partie de « catch catch ». Les hérétiques se retrouvaient neuf mois après cette première réunion. Ils s’appliquaient à déterminer le premier-né d’entre ces enfants issus de la nuit d’orgie et de folles passions, aveugles par définition. Quand on l’avait trouvé, on se le passait de main en main, sans trêve ni répit, jusqu’à ce que lassé de ce jeu il préférât vendre l’âme. Son dernier soupir avait beaucoup de valeur : celui qui tenait l’avorton dans ses bras au moment du décès devenait le « Grand Pontife » pour toute la durée d’un nouvel exercice. On l’acclamait, on brûlait le petit corps, on mêlait ses cendres à du vin, et tout le monde s’en envoyait une gorgée en signe de joyeux avènement. Quant aux autres rejetons nés de « l’accouplement sacré » on les épargnait. C’était pour mieux les mangés, ces enfants. Mais quelques mois plus tard, au cours d’agapes rituelles. L’odeur de la chair fraîche paraît s’être installée, plus spécialement, au cours des siècles passés, sur le bassin méditerranéen. Mais il serait injuste d’ignorer les Gitans, en leur perpétuelle errance. Ils ont aussi leur mot à dire, en pareille matière, et voici ce qui se passait chez eux, il n’y a pas si longtemps encore (mais l’a-t-on vraiment prouvé ?) pour assurer la pérennité des dynasties :

    Quand la reine disparaissait, celle qu’on désignait pour lui succéder devait déguster, d’abord, un morceau de l’intestin prélevé sur la chère disparue. Le sens de ce geste était, cette fois encore, d’hériter de la sagesse et de l’expérience. Le « nouveau monde » est moins prodigue d’exemples ; mais il en existe malgré tout. Au Mexique, on servait volontiers des morceaux (fins) de chair humaine aux seigneurs locaux, sur des plateaux d’or et d’argent. Tête des conquérants espagnols quand ils furent conviés à de telle félicités ! Au Brésil, les Catagnas des rives du Magui mangeaient leurs morts après les avoir accommodés selon des recettes éprouvées et très élaborées. C’était la meilleure manière, disaient-ils, de conserver d’eux un aimable et même savoureux souvenir. Et l’on s’épargnait la peine d’avoir des cimetières. En Asie, les points chauds du cannibalisme furent toujours, par tradition, la Birmanie, l’Inde, l’Insulinde et la Chine. Marco Polo (1254-1323) s’étonnait déjà de certaines tribus du Nord, dans l’actuelle Birmanie, qui, disait-il, mangeaient la chair de tous les hommes qui n’étaient pas morts de mort naturelle. Et de préciser que les guerriers de ces mêmes territoires n’aimaient rien tant que de boire le sang chaud de leurs ennemis défaits au combat. En Inde et dans le Pakistan les choses prennent encore un aspect différent : il semble bien que le cannibalisme s’y soit encore pratiqué, dans certaines régions au 19ème siècle, d’une façon quasi usuelle. Au temps, donc, de la présence britannique. Il est vrai que dans le même temps on épargnait les vaches, sacrées ou non. Les Kafirs, au nord-ouest du sous-continent, mangeaient un morceau du cœur de l’ennemi qu’ils venaient de tuer et buvaient un peu de son sang. C’était, bien sûr, sa force, son courage, qu’ils entendaient lui ravir. Quant aux pratiques de telle ou telle secte, dans ces territoires qui en comptent par centaines, que ne pourrait-on en dire ?

    En 1931, trois Brahmanes d’une grande piété furent traînés en justice : on les accusait d’avoir déterré le corps fraîchement inhumé d’un enfant, de l’avoir accommodé selon certaines préparations, et mangé enfin. Les accusés avouèrent ces faits dans leur intégralité. Mais ils affirmèrent bien haut qu’il s’agissait d’un rite religieux. Lequel ? On ne l’a jamais su. Car aucune des religions indiennes ne préconise de tels usage ; et toutes, ou presque, recommande à leurs adeptes le régime végétarien. C’est avec la lointaine Océanie, semble-t-il, que la pratique du cannibalisme s’apparente le mieux avec l’art de mettre les petits plats dans les grands. Là-bas on ne dévore pas ses victimes, on les déguste, en raffinés que l’on est. Nous le disons au présent, car il semble que ces parties fines n’aient pas encore totalement disparu. Mais allez savoir ! Les préférences vont à la triperie. Les morceaux les plus recherchés sont le foie, le cœur et la langue. Mais aussi la main droite (pour les non gauchers). Le fin du fin est d’arroser le tout d’une rasade de sang frais du meilleur cru. On ne néglige pas le reste pour autant, mais on le classe, par tradition, dans le « second choix ». Le symbolisme, l’animisme ressurgissent avec le monde des Canaques. Chez eux, les mains, le cœur et le cerveau des victimes sont réservés aux guerriers. Mais encore faut-il se ravitailler, faire son marché comme l’on peut. Dumont d’Urville, dont les voyages se situent au début du dernier siècle, rapporte qu’à l’Île de Fiva, dans l’archipel des Fidji, les habitants se faisaient la guerre d’un village à l’autre, uniquement pour faire des prisonniers et les manger. Aux époques de grandes fêtes ils souffraient souvent d’une pénurie, ou, en tout cas, d’une insuffisance de prisonniers pour célébrer dignement l’évènement. Alors ils faisaient la part du feu (de cuisson) : ils massacraient leurs épouses pour augmenter les réserves et ne pas risquer de rester sur leur faim. La pratique était admise, respectée, approuvée. Il se trouva même un jour de quasi-disette où le vieux chef Thamao exigea que fussent immolées sans plus de manières les trente premières femmes rencontrées. Celles-ci trouvèrent tout à fait normal de participer à ce quasi « service public ». Elles savaient qu’une fois immolées les membres de leurs familles ne seraient pas les derniers à leur rendre honneur, si l’on ose s’exprimer ainsi. Ce fut, d’ailleurs, le cas.

    Le capitaine Cook avait aussi sa part de bonnes adresses, de cannibalisme quatre étoiles. Mais il les trouvait ailleurs. Il nous parle des Papous et de leur art de répartir les bons morceaux au lendemain d’un affrontement : le foie, le cœur et les muscles pour les hommes, qui n’en auront jamais de trop, après tout. Et puis, tout au bas de l’échelle des valeurs, des cervelles pour les femmes qui en ont grand besoin comme chacun sait. Hélas, ces cervelles étaient impures, dans bien des cas : elles transmettaient un virus, la rickettsiose, assez semblable à celui de la sclérose en plaques. Bons princes, les farouches guerriers renoncèrent, un beau matin, à rester anthropophages. Mais ne quittons pas le monde austral. Il possède ses histoires contemporaines : en 1961, en Nouvelle-Guinée, deux indigènes ont dégusté un jeune anthropologue, Michaël Rockefeller. C’était à peu près au moment où les Balubas d’Afrique inscrivaient à leur menu deux soldats de l’O.N.U. sans aucun respect pour leur casque bleu. L’Afrique, d’ailleurs, pour conclure l’énumération, reste, au dire des spécialistes, la terre de prédilections des mangeurs d’hommes. Mais les convives n’ont pas toujours les mêmes motivations. Si l’on en croit le naturaliste le Vaillant (1753-1824) dans plusieurs contrées les indigènes mangeaient leurs vieux parents, une fois atteint un certain nombre de lunes, pour leur éviter ces hospices qu’ils n’avaient pas inventés. Dans la partie méridionale, l’une des plus grandes satisfactions des jeunes guerriers était de savoir que, s’ils venaient à mourir au combat, ils ne seraient pas mangés par le vulgum pecus mais par les chefs seulement, honneur sans pareil. Plus au nord, on peut citer des tribus qui, la guerre finie, dévoraient leurs prisonniers pour être sûrs non seulement qu’ils ne s’évaderaient pas mais encore que leurs fantômes ne viendrait pas se venger. Il y aurait long à dire, enfin, sur les négociants spécialisés dans la fourniture de chair humaine. On hésite à employer les mots de « chevillards » ou autres grossistes.

    Mais, où que l’on soit, que de manières de considérer le cannibalisme ! Pour certains il s’agit, en mangeant le corps, de détruire l’âme et de se tenir, du même fait, à l’abri des esprits. Pour d’autres il s’agit avant tout de « récupérer », de s’approprier le bien d’autrui. Dans la seconde catégorie s’inscrivent des vieillards d’un peu partout qui mangent les seins de jeunes femmes en guise d’aphrodisiaque, et des aïeules qui réservent le même sort à certains morceaux virils qui ne sont bas que par l’emplacement. Ces recettes de jouvence ne valent rien du tout. Nous le précisons fermement, dans notre souci de n’éveiller aucune fâcheuse vocation. Car il reste un risque sérieux de voir le cannibalisme renaître. On y pense, plus spécialement, depuis de récentes expériences de laboratoires réalisées sur les « planaires ». Ces « planaires » sont des vers plats dotés de cerveaux assez évolués. On les a soumis, en laboratoire, à un entraînement de forme classique des réflexes conditionnés : au bout de quelques séances une lumière qui scintillait suffisait à les faire agir de telle ou telle manière. Mais on les a massacrés, ensuite. Et l’on a donné leur chair en pâture à quelques uns de leurs semblables. Le résultat fut stupéfiant : ces mangeurs acquirent eux-mêmes les réflexes conditionnés ; ils avaient acquis de la mémoire, de l’intelligence par simple ingestion et digestion.

    Alors on se prend à trembler : va-t-on s’entredévorer de plus belle, en notre siècle, avec ce souci nouveau de se voler l’intellect ? Encore un peu et c’est parmi les membres de l’Institut que l’on emploiera le plus souvent l’expression « numéroter » ses abattis ».

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    Aura2

    Source- Nostra n°212 d’avril 1976

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    OU DONC REPOSENT LES DISPARUS CELEBRES ?

    PLEYEL, DELACROIX, KARDEC, CHOPIN…

     

     

    Chaque année, le 2 novembre, les tombes d’hommes et de femmes illustres reçoivent l’hommage de la postérité. C’est qu’en plus des morts de notre famille, il est bien d’autres disparus qui ont mérités notre gratitude pour la part de génie personnel qu’ils ont apportée à la masse scientifique, artistique et littéraire du monde entier. Les trois grandes nécropoles de Paris, notamment, détiennent une multitude de défunts célèbres dont les noms résonneront longtemps dans la mémoire des générations futures.

     

    AU PERE-LACHAISE

    C’est le plus spacieux et le plus populaire des cimetières parisiens. Les célébrités y sont très nombreuses et diverses. Un caveau est beaucoup visité et abondamment fleuri : celui d’Alfred de Musset. Le buste du poète des Nuits s’adosse à un jeune saule (son prédécesseur étant mort de vieillesse), comme il l’avait souhaité. Devant le magnifique mausolée de Sarah Bernhardt où les orchidées voisinent avec d’humbles bouquets de violettes, défile chaque année encore, l’interminable théorie des fidèles admirateurs et des curieux.

    Les musiciens sont représentés ici par Chopin, Bizet, Lecoq, Planquette, Chérubini, Pleyel, Rossini, Pierné, Auber, Hérold, Grétry, Boieldieu… Citons les écrivains : La Fontaine, Balzac, Alphonse Daudet, Oscar Wilde, Michelet, Delavigne, Scribe, Hanotaux ; quelques maréchaux également : Murat, Lefebvre, Suchet, Ney, Masséna ; des savants aussi : Arago, Monge, Gramme, Gay-Lussac ; n’oublions pas les peintres : Delacroix, Ingres, Le Sueur ; des hommes d’Etat tel : Thiers, Félix Faure, Casimir-Périer, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Cambacérès, Bartou. Voici également les amants :

    Héloïse et Abélard, le statuaire David d’Angers, le comédien Talma, les actrices Rachel et la Patti, le baryton Fugère, l’agronome Parmentier, l’architecte Visconti, la chanteuse Edith Piaf entre autre…

     

    A MONTPARNASSE

    Le vaste cimetière Montparnasse est coupé en deux par une rue ; il est entouré de nombreuses et hautes maisons d’habitations. Là, ce n’est point le calme qu’implique le mot « cimetière » (du grec koimêterion, lieu où l’on dort). On y découvre les sépultures de Guy de Maupassant, de Sainte-Beuve, de Leconte de Lisle, de Larousse, de César Frank, de Saint-Saëns, de Bourdelle, de Rude, des généraux Dubail et Mangin, de l’historien Henri Martin, de François Coppée, de Baudelaire, de Montalembert, des Quatre Sergents de la Rochelle, du peintre baron Gérard, du comédien de Max, de Leverrier, d’Hégésippe Moreau, de Dumont d’Urville, de Pigeon (l’inventeur de la lampe), etc.

     

    A MONTMARTRE

    Dans ce quartier des cabarets de nuit, des chansons et des rires, dans ce Montmartre qui est la capitale de l’esprit et de l’humour français, les morts voisinent littéralement avec les joyeux noctambules. Bruyant le jour et la nuit, en raison du pont métallique qui l’enjambe, le cimetière Montmartre renferme les dépouilles de quelques grands personnages. Voici, entouré de lierre, le tombeau de Lucien et Sacha Guitry, puis le buste de Zola sur son cénotaphe (on sait que le corps du romancier fut transféré au Panthéon).

     

    A SAINT-VINCENT

    Ici repose Alexandre Dumas fils, et non loin, son héroïne Alphonsine Plessis, la pathétique « Dame aux Camélias ». Le caveau d’Alfred de Vigny est entouré d’immortelles. Le peintre Greuze se signale par une cruche cassée ; Berlioz, par une partition musicale gravée dans le marbre. Le tendre poète des élégies, Marceline Desbordes-Valmore, a son monument sur l’allée des Platanes. Le président Waldeck-Rousseau, le peintre Cormon et le président Brisson sont côte à côte. Sur la stèle de Théophile Gautier, on lit ce quatrain :

    L’oiseau s’en va, la feuille tombe ; l’amour s’éteint car c’est l’hiver. Petit oiseau viens sur ma tombe, chanter quand l’arbre sera vert.

    Tout au bout d’une allée, sur une pierre démantibulée, cette inscription fait frémir : « Sanson, exécuteurs des hautes œuvres. » Faisons une petite ascension sur la Butte et arrêtons-nous un instant au minuscule champ de repos Saint-Vincent, là-haut, à deux pas de la basilique du Sacré-Cœur-de-Montmartre. Ce tertre funéraire, soigné et intime, est celui du navigateur Bougainville, du peintre Jules Chéret, du cinéaste Harry Baur, de Jane Danjou, de la mère de Maurice Chevalier, du ténor Villabella.

     

    ICI ET LA, DE GRANDS ISOLES

    On ignore généralement que La Fayette repose au cimetière de Picpus ; que l’égérie de Victor Hugo, Juliette Drouet, et le journaliste Armand Carrel sont au cimetière de Saint-Mandé ; que Louis XVII (ou le prétendu tel) est au cimetière de la rue Saint-Bernard. Les naturalistes Daubenton et Guide La Brosse sont enterrés au Muséum d’histoire naturelle (Jardin des Plantes). Quant au cerveau de Buffon, il est enfermé dans le crâne de la statue du sculpteur Pajou. Cette étrange translation devait être provisoire. Elle a duré. Aux Invalides, les caveaux contiennent les dépouilles de Napoléon et de son fils, le roi de Rome ; des généraux d’Empire, Duroc et Bertrand ; des maréchaux Foch, Fayolle, Franchet d’Esperey, Maunoury et Leclerc. Coquelin est à Pont-aux-Dames ; Gambetta, à Nice ; Talleyrand, à Valençay ; Clémenceau, en Vendée ; Lamartine, à Saint-Point ; Ronsard, à St-Cosme-les-Tours ; Bossuet, à Meaux. Corneille, Diderot et Molière sont, les deux premiers, en l’église Saint-Roch ; le troisième, au cimetière Saint-Joseph (du moins en principe), car leurs sépultures ont disparu). Racine et Pascal sont à Saint-Etienne-du-Mont, à Paris ; Boileau, à Saint-Germain-des-Prés, à Paris ; Léonard de Vinci, à Amboise ; Rouget de Lisle, à Choisy-le-Roi.

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la nécropole du Panthéon ne contient qu’une soixantaine de dépouilles d’illustres Français, dont une cinquantaine de tombeaux et une dizaine d’urnes renfermant les cœurs d’immortels, dont celui de Gambetta. A l’inverse des autres champs de repos, le Panthéon dispose de beaucoup de places inoccupées. Deux cents grands hommes (ou femmes) pourraient y loger encore. La première femme enterrée là fut Mme Marcelin Berthelot, décédée le même jour que son mari, le savant chimiste, le 18 mars 1907. Par un geste de touchante délicatesse, les autorités voulurent que le couple fût uni par-delà la mort. Il est communément admis que Pasteur repose au Panthéon. Il n’en est rien : Pasteur est placé dans la crypte de l’institut qui porte son nom. Il y eut aussi des « dépanthéonisés ». Le corps du tribun Mirabeau qui, le premier, eut les honneurs du Temple de la Gloire, en fut retiré à la suite de la découverte de la fameuse « armoire de fer », où certains documents firent apparaître sa duplicité. C’est un rapport présenté à la Convention, le 5 frimaire an II (27 novembre 1793) qui provoqua le vote de ce transfert. C’est la dépouille de Marat, « l’Ami du Peuple », qui prit la place de Mirabeau, le 21 septembre 1794. Mais à son tour, Marat fut délogé du Panthéon, le 8 février 1795, car on avait établi que son activité révolutionnaire était entachée « d’assouvissement de vengeances personnelles ». Le conventionnel Le Pelletier de Saint-Fargeau, assassiné par son garde du corps, le nommé Pâris, fut « dépanthéonisé » de même, à la suite d’enquêtes qui le révélèrent coupable lui aussi d’avoir exercé des vengeances personnelles.

     

    « Les morts ont de grandes douleurs », a écrit Baudelaire.

     

     

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    LES NOMS PREDESTINES

    ILS SONT LEGION ET LE HASARD SEUL NE SUFFIT PAS A LES EXPLIQUER…

     

    Il y a quelques années un habitant de la Nouvelle-Orléans venait d’être interpellé par la police pour la 820 ème fois alors qu’il totalisait déjà 421 condamnations pour ivresse sur la voie publique et outrage aux bonnes mœurs. C’est déjà impressionnant mais le nom du délinquant semble lui-même un défi lancé au destin ; il s’appelle Alfred L. Vice !

     

    Aptonymie: science de la recherche et de l'étude des relations entre les patronymes et les activités humaines de ceux qui les portent.

    Et nous pensons immédiatement que c’est là une coïncidence pour le moins surprenante, qu’il existe vraiment des noms prédestinés… C’est vrai. Les personnes qui exercent un métier que leur patronyme évoque irrésistiblement, ou qui rappelle une particularité physique sont nombreuses. Si nombreuses, même, qu’un psychologue américain, le Dr Lawrence Casley a fini par se demander s’il ne s’agissait là que d’un hasard fortuit… Il a donc entrepris une étude sur les rapports susceptibles d’exister entre certains noms et certaines professions. Il ne lui a fallu que quelques semaines de recherches pour se convaincre qu’il existait vraiment, en certains cas, une troublante corrélation entre eux et dans un article paru dans le magazine « New Society », il ne cite pas moins de 190 noms de famille dont le porteur exerce un métier s’y rapportant. Beaucoup de ces exemples ont été choisis dans le milieu médical, avec lequel le Dr Casley est naturellement très familiarisé.

    Il cite ainsi un Dr Cerveau qui est, comme par hasard, spécialisé dans les maladies cérébrales… Un autre médecin, gynécologue, celui-là s’appelle le Dr Ovaire ! Un de ces amis, psychiatre, se nomme Looney, ce qui peut se traduire en français par « cinglé » ! Un autre, psychiatre, qui soigne les schizophrènes s’appelle Batman (Batman, l’homme chauve-souris, est un personnage de bande dessinée digne d’avoir pris naissance dans la cervelle tourmentée d’un schizophrène). Parmi ses confrères médecins, Lawrence Casley compte également un Dr Foie, un Dr Rein, un Dr Rate et un Dr Calcul !

    Poursuivant ses investigations en s’aidant de l’annuaire des téléphones, il a découvert qu’il existait également dans sa propre ville trois médecins qui portent respectivement les inquiétants patronymes de Lesang, Carnage, et Douleur. A Londres, il existe un Dr Jekyll et c’est également à Londres qu’habite de nos jours, un certain Sherlock Holmes qui a choisi d’exercer la profession de détective ! Mais il n’a pas poussé le souci de l’imitation jusqu’à habiter au 49 bis, Baker Street. D’ailleurs, cette maison n’est pas à louer. En France également, les cas de personnes ayant un nom correspondant à leur emploi sont fort nombreux. Dans le 12ème arrondissement de Paris, on trouve un « homme en blanc » : le Dr Médecin. Il existe aussi un (ou plus probablement plusieurs) boulanger nommé Lepain, (ou Dupin ou n’importe quelle variante), un ou plusieurs bouchers répondant au nom de Leboeuf, des charcutiers appelés Leporc, Cochon ou Cauchon, Lelard etc…

    Les exemples ne se limitent pas à Paris. A Dreux, un monsieur Cibois (scie bois) exerce la profession de menuisier, bien sûr ! A Caen, un Mr Joint est plombier, une profession noble et enrichissante qu’il partage avec Mr Lévier d’Angers… Mr Pavillon est, comme son nom l’indique, entrepreneur de maçonnerie dans une petite ville de province celle là même où le minotier s’appelle Mr Meunier. Un garagiste de Saint-Saulve : Courapied Michèle. Le 12 juillet 1854, André Mouton garde champêtre à Saint-Gervais-sur-Roubion arrêta deux voleurs. Celui qui faisait le guet s'appelait Clémentin Tuile (s'en était une pour lui de se faire pincer) tandis que son compagnon déclara se nommer Rapine. Avec pareil patronyme, difficile d'exercer une autre activité. Le 11 octobre 1902, au café Piallat des Granges-Gontardes, un homme asséna deux coups de poings au visage de Ferdinand Savel. Quand les gendarmes apprirent que l'homme aux dons de boxeur s'appelait Henri Cogne, ils en sourirent mais le condamnèrent quand même à effectuer une journée de travail. Le 20 janvier 1866 à Montélimar, un commerçant se fit condamner pour un poids de deux kilogrammes présentant un déficit de onze grammes. Son nom ? Auguste Poilrouge. Son métier ? Boucher. Cela ne s'invente pas. En 1878 à Montélimar, M. Chaize fabriquait des sièges rue Quatre alliances. La même année, M. Véron fut condamné pour délit de pêche. En 1902, le percepteur de Séderon s'appelait M. Tyran. En 1906 à Allan, Mme Aubaine gagna vingt mille francs à la loterie des tuberculeux. En 1909, un limonadier de Montélimar s'appelait M. Boisson. En 1860 à Montélimar, le vétérinaire Culty épousa Henriette Vacher. La même année, M. Bonnet, tailleur d'habits épousa la fileuse Mazoyer. En 1821, un voleur de poules fut arrêté à Montélimar. Son nom ? Faucon.

    Mr Mètre, un homme qui ne manque pas de mesure, exerce à Orléans la profession de géomètre. Dans une autre ville, Mr Lemaître est instituteur et un Mr Langlais enseigne aux potaches les beautés de la langue de Shakespeare. Quant à Mr Lecoq, il est cuisinier. Et dans une autre ville on trouve un gardien de la paix répondant (avec réticence, mais répondant quand même) au patronyme de Poulet, seul bien hérité de son père ! Il y a deux explications à ce genre de phénomène, explique le Dr Casley. La première est que beaucoup de noms de famille actuels ont pour origine un surnom ou un qualificatif donné à un ancêtre plus ou moins lointain en fonction de son métier. Ainsi sont nés les patronymes du genre Boucher, Mercier, Pelletier, Meunier etc… Ce métier se transmettant de père en fils, beaucoup se retrouvent encore aujourd’hui à l’exercer tout en ayant oublié l’origine de leur nom. La seconde explication plus subtile appartient au domaine de la psychanalyse, continue le Dr Casley. Inconsciemment, un certain nombre d’individus se sentent attirés par les professions évoquées par leur nom. C’est ainsi qu’un Médecin aura envie de devenir docteur – sans qu’il soit d’ailleurs assuré d’aller jusqu’au bout de son ambition. La France compte environ un million de patronymes différents. C’est à la fois un record du monde et un patrimoine en évolution permanente: 200 000 noms ont disparu au cours de ce siècle et 520 000 nouveaux noms sont apparus pendant le même temps.
    6 964 Soulard, 1 003 Pochard, 74 Saoul et 49 Soulot sont nés pendant le siècle.
    Il rapporte la naissance depuis 1891, de 100 G
    renouille, certains ayant changé de nom pour celui de ... Delétang. Des noms comme Couillard, Vachier, Briscul, Pet, Lacrotte ou Jolicon sont aussi souvent changés. Mais celui qui a fait le plus de demandes de changement, en tout cas de 1803 à 1862, est un nom juif, Lévy, suivi de Cocu.

    Cette règle n’est donc pas générale, loin de là. Mais on sait maintenant qu’elle existe. Et que si les gens ont parfois la tête de l’emploi, il arrive aussi qu’ils en aient le nom. Et cela n’est pas dû entièrement au hasard !

    Aura2

    http://www.fatrazie.com/aptonymes.htm

    http://www.roland-brolles.com/content/view/13/4/

     

    Tyron- juillet 2010

     

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    L’AFFAIRE "JACK L’EVENTREUR ETAIT UN COMPLOT MACONNIQUE"

     

    C’EST-CE QUE REVELA EN 1973 UN HAUT FONCTIONNAIRE…

     

    quartier de White Chapel en 1888

    Londres, ce n’est pas seulement la ville brillante que connaissent les touristes, Hyde Park et ses pelouses, Buckingham Palace et la relève de la garde, Picadilly et ses publicités lumineuses démentielles. Ce sont aussi les bas-quartier, quartier louche de Soho où de nouveaux gangs chinois affrontent la mafia pour s’assurer le monopole du vice, quartier de Whitechapel où vivre, c’est lutter contre la misère et la déchéance, quartier interlope des docks, décor naturel pour un film de Marcel Carné.

     

    sang
     
    Un fantôme hante ces rues sinistres, ces pubs de Wapping Lane ou de Chandlers street à l’odeur de bière aigre, un nom qui fait encore trembler toute la faune qui vit là, marins qui se saoulent consciencieusement le temps d’une escale, dockers attablés devant un verre vide qui attendent que le patron ait le dos tourné pour sortir de leur poche un flacon d’alcool à pharmacie et s’en envoyer une rasade, prostituées dont personne ne veut plus qui entrent se payer un gin pour se récha   uffer l’âme et le cœur, pâles voyous à l’allure de jeunes fauves à l’affût d’un mauvais coup.

     

     

    C’est à Jack the Ripper, celui que nous nommons l’Eventreur, qu’ils pensent tous en frissonnant quand la nuit descend sur ces bas-fonds dantesques, le tueur de femmes impuni, l’une des plus belles énigmes de l’histoire du crime… Eh bien, s’en est fini du secret ! Jack l’Eventreur est enfin démasquer. En 1973, Stephen Knight et une équipe de télévision de la B.B.C. travaillaient à un feuilleton sur le boucher de Whitechapel quand un haut fonctionnaire de Scotland Yard leur proposa de rencontrer un peintre du nom de Joseph Sickert qui semblait détenir quelques informations sur cette affaire. « Je suis le fils naturel de Walter Sickert, annonça à Stephen Knight ce témoin de dernière heure à leur premier entretien. Le jour de mes quatorze ans, mon père me prit à part et, pour libérer sa conscience, me révéla la vérité sur le Ripper. » Le journaliste de la B.B.C. buvait les mots de son interlocuteur. Depuis 1888, tous les scénaristes et les auteurs de romans à quatre sous qui avaient noirci des pages et des pages à faire revivre l’Eventreur n’avaient jamais osé bâtir un tel scénario. Pourtant, cette fois-ci, ce n’était pas de la littérature, mais des faits précis. Incroyables cependant vrai !

    « Tout a commencé, dit Joseph Sickert, quand la princesse de Galles, voulant parfaire l’éducation de son fils, le duc de Clarence, demanda à son père de l’intéresser aux Beaux-arts. Walter Sickert employait parfois comme modèle une jeune fille du nom d’Anne Elizabeth Crook qu’il présenta à son élève. Le jeune aristocrate était fringant, le modèle peu farouche, ce qui devait arriver arriva. En 1885, Anne Elizabeth accoucha d’une fille baptisée Alice et, peu après, épousa clandestinement son séducteur. Des rapports de police parvinrent à la connaissance de la reine Victoria, la grand-mère du duc de Clarence, qui entra dans une colère noire. Quant au premier ministre, Lord Salisbury voyait dans cette affaire une grave affaire une grave menace pour la royauté. Pour comprendre leur réaction devant une idylle somme toute banale pour illégitime qu’elle fût, il est nécessaire de connaître la politique anglaise de cette époque. La reine Victoria, qui a accédé au trône en 1837, est alors âgée de soixante-six ans. Le prince héritier, son fils Edouard, prince de Galles, a lui-même quarante-quatre ans. Il a usé sa santé dans les plaisirs et a failli mourir de typhoïde quelques années auparavant. Or, s’il venait à disparaître, c’est son fils aîné, le duc de Clarence, précisément, qui serait appelé à régner. La reine, tout comme son premier ministre, est parfaitement consciente de la situation politique. La révolution industrielle que traverse la Grande-Bretagne a avisé la lutte des classes. Les premiers syndicats s’agitent. Un fort courant socialiste se dessine et, jusque dans la bourgeoisie, les idées républicaines font leur chemin. Une action officielle, à l’échelle gouvernementale, était pratiquement impossible. Mais Lord Salisbury était un dignitaire de la franc-maçonnerie et décida de mobiliser cette société secrète. Un conseil restreint de maçons de hauts grades fut chargé de s’occuper de l’affaire. Il était composé de personnages éminents, comme le médecin de la reine, Sir William Gull, le chef de la police, Sir Charles Warren et son adjoint, Sir Robert Anderson. Leur action débuta au cours des premiers mois de 1888. Le duc de Clarence et Anne Elizabeth Crook furent enlevés de force du logement de Cleveland Street qui abritait leurs amours clandestines.

    L’héritier du trône fut ramené dans sa famille, mais son épouse de la main gauche, fille du peuple, n’eut pas cette chance. Soumise à une atroce opération du cerveau qui la laissa littéralement idiote. Elle passa le reste de son existence d’asile en asile. Quant à l’innocente petite Alice, elle fut d’abord confiée à une nourrice, Mary Kelly, puis placée dans un orphelinat. « Affaire résolue », pouvait dire Lord Salisbury en se frottant les mains. Hélas ! Non, ce n’en était que le début. Mary Kelly, qui, de déchéance en déchéance, se livrait à la prostitution dans le West End, raconta toute l’histoire à trois de ses amies. Petit à petit, l’idée leur prit d’essayer d’en tirer quelque argent. Elles essayèrent de faire chanter un personnage important, dont Joseph Sickert n’a pas révélé le nom, mais elles n’avaient pas compté avec la puissance que son appartenance à la franc-maçonnerie conférait à Lord Salisbury, en plus de sa fonction de premier ministre. Le conseil maçonnique se réunit à nouveau et la décision fut prise d’en finir avec toute menace. En d’autres mots, de faire passer de vie à trépas les quatre femmes. Sir William Gull, chargé de l’exécution, s’adjoignit un cocher nommé Netley et Walter Sickert. Les unes après les autres, Mary Kelly et ses trois compagnes tombèrent sous les coups des assassins. Ironie du sort, ils assassinèrent par erreur une prostituée qui s’appelait aussi Mary Kelly, mais qui n’était pas la bonne. Ces pauvres femmes furent égorgées, puis éventrées et leurs reins, arrachés, placés sur leurs épaules. Il ne s’agissait pas, comme on le crut à l’époque, de la sauvagerie d’un sadique. Ce supplice, correspondant aux anciens crimes rituels, maçonniques, était en quelque sorte un message adressé indirectement à tous les initiés de ne pas avoir à s’occuper de cette affaire. Que l’on ne se méprenne pas sur ce point.

     jack

    Les franc-maçons du 19esiècle ne commettaient pas de crimes rituels, pas plus d’ailleurs que la plupart de leurs prédécesseurs dans la maçonnerie dite « spéculative ». Cependant, il existait au temps de la maçonnerie « opérative » l’habitude de mettre à mort ceux qui trahissaient le secret des bâtisseurs et d’attirer l’attention des affiliés en les mutilant d’une certaine façon. C’est ce rituel tombé en désuétude que les complices de Lord Salisbury utilisèrent. Les conditions abominables dans lesquelles ces meurtres furent commis émurent l’opinion publique. L’enquête officielle (qui avait de bonne raison de ne pas aboutir) tint la presse en haleine pendant des mois. On crut qu’il s’agissait de l’œuvre d’un seul homme, un désaxé, auquel on donna le sobriquet de Jack l’Eventreur. Un mythe était né. Ironie du sort, le duc de Clarence ne régna jamais et aurait très bien pu conclure un mariage morganitique. En effet, la reine Victoria mourut en 1901 et le prince de Galles monta sur le trône sous le nom d’Edouard VII. En janvier 1892, le duc de Clarence fut emporté en quelques jours par la maladie et c’est son frère, le futur Georges V, grand-père de la reine Elizabeth II, qui devint à son tour prince héritier. Le sort de la petite Alice ne fut guère enviable. A l’âge de dix ans, elle fut retirée de l’orphelinat, où elle avait été placée et où elle était brutalisée, par Walter Sickert qui la fit élever à Dieppe, à l’abri des indiscrets. En 1925, un fils naquit des relations entre le tuteur et la pupille qui avaient pris un tour intime. C’est Joseph Sickert, celui-là même qui a levé le mystère sur la véritable histoire de Jack l’Eventreur. Histoire presque incroyable. Pourtant, Stephen Knight n’est pas un homme à gober le premier bobard venu. Il a passé des mois à vérifier le récit de Joseph Sickert et, plus que jamais, il est persuadé de sa véracité.

    *

    source- Nostra n° 225 juillet 1976

     

    Tyron- Août 2010


    jack
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    L'HOMME DE FLORES

    L'« Homme de Flores » ou Homo floresiensis est une espèce supposée d'hominidé disparu mesurant environ un mètre et dont le premier squelette fossile a été découvert en septembre 2003, dans une grotte de l'île indonésienne de Flores. Sa qualification d'espèce à part entière fait débat.

    L'Homme de Flores a été découvert par une équipe de paléontologues dirigée par Michaël Morwood (University of New England, à Armidale en Australie) et Radien P. Soejono (Centre indonésien pour l'archéologie de Djakarta). Ils ont fourni un moulage du crâne à Peter Brown qui a pu étudier le squelette sur une période de trois mois. Les premiers résultats ont été publiés dans deux articles de Nature le 28 octobre 2004.

    Les caractères anatomiques d’Homo floresiensis indiquent qu'il pourrait descendre directement d'Homo habilis ou d'Homo erectus, mais c'est moins probable étant donné sa gracilité. Cette découverte a suivi l'annonce de la mise au jour d'outillage lithique acheuléen sur la même île, datant d'environ 800 000 ans et montrant que , contrairement aux hypothèses généralement retenues auparavant, des représentants du genre Homo avaient pu atteindre la Wallacea et au-delà l'Australasie ou l'Océanie proche. La surprise est venue de la datation qui semble indiquer que cette espèce peuplait encore la région de la Wallacea il y a seulement 18 000 ans alors que l'Homo sapiens avait déjà colonisé le reste de la planète dont Flores. Une famille complète d'Homo floresiensis, dont la description est donnée dans la revue Nature le 13 octobre 2005, confirme ces hypothèses.

    Les chercheurs ont baptisé cette nouvelle espèce Homo floresiensis. Sa petite taille peut s'expliquer par l'isolement géographique et l'endogamie. Dans certains ouvrages ou sites de vulgarisation, cette petite taille a valu à l'espèce le surnom de Hobbit, en référence aux romans de J.R.R.Tolkien.

    fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_Flores

     

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