• Le phare de l'enfer !

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    Le phare de Tévennec a été construit, en pleine mer, sur le modèle d'une maison-phare, à quelques encablures du phare de la Vieille, entre l'île de Sein et la pointe du Van. Les travaux s'étalèrent sur 5 ans, de 1869 à 1874. En septembre 1874,  Henry Porsmoguer, est le premier nommé pour le poste de gardien. Natif de l'Île de Sein, il a participé aux travaux de construction des phares Ar-Men et Tévennec. Le feu est allumé le 15 mars 1875 et Henry Porsmoguer doit se charger seul de son entretien. Il ne peut rentrer auprès de sa famille qu'après de longs mois passés sur l'îlot de Tévennec.  et il présente sa démission en août 1875.

    Hervé-Marie Guilcher, un autre sénan,  le remplace mais n'y reste que 4 mois, tant les conditions de vie solitaire sont difficiles. En décembre 1875, le troisième gardien, Jean-Marie Rohou né à Plogoff prend son service. Lui aussi, démissionne dès avril 1876. L'administration accepte de prendre en considération l'immense solitude dans laquelle doivent vivre les gardiens. Un deuxième poste de gardien pour le fanal de Tévennec est enfin créé, le 11 juillet 1876. Guillaume Guézennec, né à Cleden-Cap-Sizun, est nommé  à ce poste, le 1er août 1876.

    Cependant, les gardiens successifs demandent régulièrement leur nomination à d'autres postes car la vie à Tévennec ne les satisfait pas, tant elle y est difficile. En 1898, pour résoudre le problème créé par tant de démissions, l'administration propose que les épouses des gardiens vivent à Tévennec.  Monsieur et madame Milliner furent les premiers à s'y installer en couple, en janvier 1898. Ils furent suivis par le couple Quéméré en 1900, le couple Quéré en 1905 et le couple Ropart en 1907. En février 1910, un feu automatique fut installé par le Service des Phares. Une réserve de gaz permettait une autonomie de 6 mois, libérant les gardiens de cette servitude. Ainsi, depuis cette date, aucun gardien n'a été nommé à ce poste tant redouté.

    Compte tenu des particularités du site sur lequel il est érigé, le phare de Tévennec est assez inclassable. Ce n'est pas vraiment un phare de haute mer - un "Enfer", selon la classification inventée par les gardiens - puisqu'il n'est pas directement entouré d'eau. Et c'est à peine un "Purgatoire", c'est-à-dire l'un de ces phares installés sur une île. Le rocher sur lequel est érigé la maison-phare peut en effet difficilement prétendre à ce titre. Bien que son sommet s'élève à 14 mètres au-dessus du niveau de l'eau, il est fréquemment balayé par les embruns et il reste très délicat d'y aborder, voire impossible, dès que la mer est formée.

    Peut-être conviendrait-il, pour faire une place à Tévennec dans la typologie traditionnelle des phares, d'y ajouter la catégorie des phares "limbes"... L'appellation conviendrait d'autant mieux ici que ce phare jouit d'une très sinistre réputation auprès des marins et des habitants du Cap Sizun. On raconte à son propos toutes sortes d'histoires : des gardiens qui deviennent fous en quelques mois, d'autres qui meurent brutalement, dont l'un dans les bras de son épouse, qui l'aurait alors mis au saloir pour conserver son corps jusqu'à la relève suivante... Des cris lugubres, prêtés aux âmes des nombreux naufragés ayant trouvé la mort sur l'îlot, se feraient entendre de temps à autre, entre les rochers. La croix de fer plantée au pied du phare, et qui a remplacé une première croix en pierre, aurait été installée là pour rassurer tout le monde.

    En vain. Jean-Christophe Fichou a montré récemment que la plupart des récits dramatiques concernant les gardiens de ce lieu étaient très largement imaginaires. Il reste que l'erreur initiale de l'administration des Ponts et Chaussées est sans doute de ne pas avoir considéré Tévennec comme un phare de pleine mer. Classé en tant que fanal de quatrième catégorie, un seul gardien y a été affecté à l'origine, avec pour mission d'assurer son service à l'année longue, comme ses confrères installés dans les maisons-phares du littoral (les "Paradis"). Or, la vie sur le rocher de Tévennec est probablement aussi difficile que dans bien des phares en mer. Par ailleurs, des plongeurs ont découvert récemment une grotte sous-marine traversant l'îlot de part en part. Lorsque des vagues s'y engouffrent, l'air s'en échappe par des failles dans la roche, ce qui produit des hululements tout à fait sinistres. Telle est peut être l'origine de ces cris mystérieux que d'aucuns assurent avoir entendu dans les parages de Tévennec. Une chose est certaine : installer à cet endroit à longueur d'année un homme seul, sans lui garantir de périodes de relève régulières, avait toutes les chances de créer des problèmes.

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    http://phares.capsizun.com/phare_de_tevennec.htm
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Phare_de_T%C3%A9vennec
    http://perso.orange.fr/phares-de-france/phare/tevennec.html


     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_Top
    Lundi 15 Octobre 2007 à 16:24
    A noter que l'on parle de cette histoire dans l'?ssion "les 30 histoires myst?euses" diffus?ecemment sur TF1.
    2
    visiteur_laure desse
    Jeudi 15 Novembre 2007 à 10:32
    ?ire sur ce phare un excellent roman de Thierry LAFOSSE, "Tevennec, porte de l'enfer", paru en 1999, malheureusement plus ?t?ujourd'hui, er que j'ai eu la chance de me procurer sur le site de l'auteur. Emotion et frissons garantis...
    le lien:
    http://thierry-lafosse.livr.site.voila.fr
    3
    secretland
    Dimanche 21 Septembre 2014 à 13:24
    Un jour, j'aimerai bien visiter ces phares. Surtout celle de Tevennec
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