• Les mégalithes

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    Menhirs, dolmens, cromlechs…, sont les noms que la légende a attribués à ce que la science a appelé monolithes ou encore mégalithes. Depuis plus de sept mille ans, ces fabuleuses pierres dressées semblent défier le temps. Depuis fort longtemps, l’homme a tenté d’expliquer le pourquoi et le comment de leur présence, laissant ainsi la part belle aux mythes et aux légendes. Il faut attendre les années soixante pour que certains chercheurs, faisant fi des traditionnelles explications, avancent l’hypothèse que ces alignements mégalithiques, en sus de leurs fonctions religieuses et funéraires évidentes sont de gigantesques observatoires astronomiques. L’archéoastronomie était née.

     

    De l’Antiquité tardive au Bas Moyen Age, synodes et conciles s’en sont pris au culte des pierres levées dans le but d’en interdire la pratique révélatrice de la permanence des anciennes croyances en ces temps où le christianisme triomphait des autres religions en Europe. Dans la tradition populaire, les mégalithes sont des vecteurs de magie blanche, le caractère phallique de certains monuments stimulerait la fécondité, favoriserait la santé… Au fil des siècles, face à la permanence de certaines superstitions liées aux mégalithes, l’Eglise chrétienne entreprend la christianisation quasi-systématique des sites mégalithiques. En effet, depuis 438, le code théodosien décide d’adapter ses cultes aux rites païens ancestraux. Des attributs chrétiens sont ajoutés ou sculptés à même la pierre, tel des crucifix…

     

    Avec le temps, les hommes qui se sont penchés sur la question mégalithique ont souvent extrapolé au sujet de leurs fonctions. Aux XVII° et XVIII° siècles, les historiens affirment que les Gaulois juraient leurs traités aux pieds des mégalithes et que les druides et les prêtres sacrifiaient à la divinité, choisissant le plus souvent des êtres humains comme victimes. César dans sa « Guerre des Gaules » fait se rassembler les druides à Carnac. Une sorte de druidisme pseudo-historique- puisque sans preuves- se développe, faisant de nos ancêtres des sacrificateurs systématiques et cruels ; les ossements humains trouvés à proximité des monuments de pierre apportant alors de l’eau à leur moulin. A la fin du XVIII° siècles, la mode cède au druidisme, des hommes fondent des sociétés secrètes, où, lors des solstices, ont lieu de formidables cérémonies au flambeau à la gloire du paganisme d’autrefois. Au début du siècle, « la grande loge druidique de l’ancien ordre » se réunit à Stonehenge à 160 km de Londres. C’est l’heure de gloire du druidisme et de la celtomanie, ternie après guerre par les atrocités commises par les nazis qui se réclamaient aussi d’un certain paganisme antique…

     

     

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    Au XIX° siècle, les rationalistes et autres scientistes abordent le thème mégalithiques sous l’angle de la science et non plus du folklore. C’est le début de la géologie, l’Académie celtique naît. Suivant les aléas de l’histoire politique, elle se transforme en Société royale des Antiquaires de FranceC’est l’écrivain Prosper Mérimée qui est nommée inspecteur pour la surveillance et le classement des monuments, il est le premier à constater que ces alignements mégalithiques constituent une véritable architecture. L’époque des délires politico-religieux est définitivement révolue. Les fouilles et les explications quant à l’origine et l’utilisation de ces monuments affluent. Toujours au XIX° siècle, on découvre des mégalithes hors d’Europe. Les savants tentent alors d’établir une filiation spirituelle ou culturelle entre les différents monuments !

     

    *** La fonction religieuse des mégalithes : palais des morts et des Dieux ***

     

     

     

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    La société rurale de l’Europe occidentale qui se met en place au cours du VI° millénaire avant notre ère invente une religion liée au culte des ancêtres. Les mégalithes furent conçus à la base pour protéger les plus prestigieux de leurs morts ou pour les évoquer. Depuis cent mille ans, les hommes se sont préoccupés de leurs défunts. Avec le mégalithisme naît l’architecture funéraire en plein air en matériaux durables dont le but est de recevoir les corps des ancêtres selon des rituels compliqués et codifiés. Pendant le IV° millénaire, les tombes mégalithiques se multiplient dans le Midi, l’Espagne, les Pyrénées, les Causses, en Irlande, au Danemark, en Allemagne du Nord… Auparavant, elles étaient recensées en Bretagne et en Angleterre principalement. La théorie des alignements mégalithique en temps qu’autels sacrificatoires n’est plus envisagée. C’est pour répondre à des aspirations religieuses que les autorités politiques et ecclésiastiques du néolithique ont conçu les mégalithes.

     

     

    *** Naissance de l’archéo-astronomie ***

     

     

     

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    C’est vers 1723 qu’un certain William Stukeley réalise, en regardant les sites dAvebury et de Stonehenge en Angleterre, que ces monuments préhistoriques sont les architectures d’un vaste ensemble destiné à être vu de loin. Cette perspective est l’une des grandes originalités des sites architecturaux dit ouverts du type de Stonehenge ou encore de Carnac en Bretagne. Ces sites dit fermés comme les pierres levées isolées ou les tombes mégalithiques fonctionnent également avec la lumière solaire ou lunaire.

     

     

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    L’archéo-astronomie n’est pas une science nouvelle, bien que cette appellation soit récente. Le rapport entre les pyramides et obélisques égyptiens et l’astronomie, ou encore certains sites mayas ont été étudié, il y a déjà fort longtemps. Cette science mégalithique a deux patries d’élection ; la France, et plus particulièrement la Bretagne et les Iles Britanniques. Si les savants français furent de remarquables amateurs éclairés, les Anglais furent, eux, de véritables précurseurs. En 1963, Gerald Hawkins proposa de baptiser cette nouvelle science « astroarchéologique » ; pour ne pas la confondre avec une quelconque discipline divinatoire proche de l’astronomie , en 1967, Alexander Thom suggéra « astronomie mégalithique », terme qui reste en usage actuellement, mais auquel on préfère « archéoastronomie ». De nos jours, les archéologues admettent ne pas détenir toutes les clefs du portrait-robot de nos ancêtres, tandis que les astronomes ont peu à peu appris à prendre en compte les acquis de l’archéologie. Le site mégalithique de Stonehenge est l’exemple le plus flagrant- et le premier étudié de la sorte d’ailleurs- de l’interaction entre les deux disciplines.

     

    *** Le site de stonehenge ***

     

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    Lorsque l’on arrive dans la plaine de Salisbury, entre Cornouailles et Pays de Galles, à 160 km à l’ouest de Londres, et qu’on voit se dresser progressivement le cromlech de Stonehenge, le visiteur est saisi d’un étrange sentiment ; le monument est trop grand pour être normal. Quelque chose de grandiose a du se passer ici ! Les cercles de pierres ont assez bien résisté à l’outrage du temps. A ce sujet, Stonehenge est le monument le plus visité en Angleterre après la Tour de Londres. Derrière le caractère impressionnant du gigantesque cromlech, se dessine une réelle réflexion architecturale. Les fouilles révèlent plusieurs étapes dans la constructions : C’est d’abord un fossé de 108 m de diamètre dont le remblais forme un talus intérieur, il est ouvert au nord-est, où furent creusés des trous qui ont leur importance. En un autre cercle de 86,70 m de diamètre furent creusés 56 trous ( les trous d’Aubrey ), espacés de façon régulière, larges de 75 à 180 cm et profonds d’à peu près 1,20m, tous rebouchés avec de la craie pilée. Enfin, à 30m au nord-est du fossé, fut dressé une pierre haute de 6m et pesant 35 tonnes : la Heelstone ou Pierre Talon. Au cours d’une seconde phase, aurait été amené en provenance des Prescelly Mountains, au Pays de Galles ( 213 km à vol d’oiseaux ), 82 « pierres bleues » de 5 tonnes chacune, disposées en un cercle inachevé au centre du complexe.

     

     

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    Au départ de l’ouverture du fossé, au nord-est, fut creusé une avenue large de 12 m qui rejoint la rivière Avon à 3 km de là. Enfin, sur le cercle des trous d’Aubrey, auraient été disposés 4 Pierres d’Orientation formant un rectangle, et dont deux sont aujourd’hui visibles, les autres étant signalés par les monticules sur lesquels elles furent dressées. Cinq énormes trilithes formant un fer à cheval ouvert au nord-est, dont les montants mesurent 6 à 10 m avec des linteaux pesant jusqu’à 50 tonnes, se trouvent au centre du monument. En 1901, un astronome anglais, Sir Norman Lockyer mesura l’azimut ( angle formé par le plan vertical d’un astre ) du centre de l’Avenue et constata que le soleil se levait dans l’axe de celle-ci au moment du solstice d’été. Il détermina la date de construction de Stonehenge en pleine préhistoire, bien avant les druides à qui on en avait attribué la paternité. Pour ses calculs, il n’avait pas pris en compte les mouvements de la lune, ni la position de la fameuse Pierre Talon. Avec la découverte du Carbone 14, Stonehenge et les autres monuments mégalithiques retrouvent leurs véritables dates de naissance :

     

     

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    Ils furent majoritairement construit entre – 4800 et – 2000 ans ! Ce qui ferait des mégalithes, les plus anciens monuments du monde !

     

    En effet, la plupart d’entre nous considèrent que les pyramides d’Egypte sont les monuments de pierre les plus vieux du monde et que c’est dans les terres du Proche-Orient que l’homme a construit ses premiers temples. La technologie aurait donc avancé de la Mésopotamie vers les terres du Septentrion. Certains pensaient même que le raffinement, certes relatif, d’un monument comme Stonehenge reflétait l’inspiration de la Grèce Mycénienne. La datation précise des mégalithes européen imposait alors un farouche démenti à ce que l’on croyait une vérité intangible… De plus, les dimensions du cromlech révèlent un parfait rectangle de type « pythagoricien » avant la lettre. Deux monuments illustrent le mieux la fonction d’observatoire de la course au soleil. Callanish Lewis, dans les Hébrides extérieures et bien sûr Stonehenge. A ce point précis du cromlech de Stonehenge, les deux cycles lunaires et solaires se recouperaient, rendant ainsi prévisibles les éclipses solaires. En Bretagne, les exemples de ce type abondent. L’Anglais Alexander Thom prouve que les alignements de Carnac ne sont pas dus au hasard esthétique, mais qu’ils résultent d’un savant calcul géométrique. La forme ovale est également omniprésente dans les alignements mégalithiques, une forme ovale tracée à l’aide d’un triangle pythagoricien.

     

     C’est ainsi que Thom démontre que l’alignement du Grand Ménec en Bretagne qui comprend 1169 menhirs divisés en onze rangées correspond à un calcul astral. En effet, l’axe  de l’alignement en partant des mégalithes les plus grands est orienté à 72°, mais à mi-chemin, existe un espace-charnière qui fait dévier l’alignement vers le nord de 6°, dans le but de suivre la position des astres dans le ciel. Les mégalithes bretons sont probablement les plus anciens au monde, ce qui signifie que ce système de calcul architectural pré-pythagoricien datent d’avant les pyramides. Les savants peuvent même, en extrapolant, prétexter que comme Pythagore aurait séjourné en Gaule, il aurait ramené des druides les bribes d’un savoir ancien qu’il aurait développé en Grèce. Mais là n’est pas le propos. En ce qui concerne Carnac, l’orientation de 72° n’est pas un hasard, c’est la seule latitude de l’hémisphère nord où l’angle formé par le soleil à son levé au solstice d’été et d’hiver forme cette valeur. A Stonehenge, on a pu démontrer dans les années 70 que le rectangle ( 2 triangles accolés ) est pythagoricien, et que les différents cercles de pierres dont nous parlions dans notre description du site ont été réalisé selon une progression arithmétique.

     

    Mais il n’y a pas que l’arithmétique qui tend à prouver que les mégalithes ont un rapport étroit à l’astronomie ; effectivement , des fouilles ont mis en avant des ossements recouverts d’étranges inscriptions qui ne sont pas des œuvres d’arts gratuites. Alexander Marshack avait signalé en 1962 dans le « Scientific American » qu’un os vieux de 8500 ans découvert non loin d’un mégalithe du Congo portait des traces correspondant à des marques lunaires établissant des périodes allant de la nouvelle lune à la pleine lune. Il fit d’autres découvertes sensationnelles, comme une plaquette découverte en Dordogne datant de 33000 ans avant notre ère représentant 6 mois lunaires figurés par des cercles ou des croissants. Une autre plaquette osseuse plus récente montre un schéma lunaire de 11 périodes… Très tôt, l’homme a constaté une périodicité flagrante et régulière des cycles de la lune et du soleil. Si les connaissance astronomiques de l’homme remontent à une époque si reculée, ne nous étonnons pas de la portée astronomique des mégalithes qui sont beaucoup plus récent comme l’a prouvé la datation au Carbone 14. A l’aube de l’époque mégalithique, il y a 8000 ans à peu près, il s’est passé quelque chose en Europe. A l’époque romantique, les monolithes étaient censés être l’œuvre des druides, les rainures retrouvées sur certaines pierres plates étaient censées être des rigoles pour recueillir le sang des sacrifiés. Plus récemment, les mégalithes prirent une fonction funéraire, c’est sans doute le cas pour certains, mais les statistiques prouvent que relativement peu de sites avaient une fonction de tombeau. Monuments destinés à vénérer la terre nourricière ou au contraire à implorer la clémence des cieux ; les théories sont nombreuses. D’autres comme Colin Renfrew pensent que leur vocation était liée au culte des chefs ; les cromlechs comme des sanctuaires !

     

    *** Conclusion ***

     

     

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    Le point central du débat entre archéologues et astronomes est donc de savoir si les hommes de cette lointaine époque savaient ce qu’ils faisaient. Pour Alexander Thom, nos ancêtres contemporains des mégalithes n’avaient qu’une connaissance fondée sur l’expérience, et leurs alignements mégalithiques révèlent un sens de l’observation hors du commun et une patience à toute épreuve à une époque où la survie était le principal but de l’humanité. Pourtant si les déplacement du soleil sont globalement réguliers et donc observables, l’analyse du déplacement de la lune s’avère une tâche bien plus ardues…

     

     

    Aura2

     

     

    La taverne de l’étrange- 27 juillet 2006

     


     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_pygrre35-ba
    Mardi 4 Mars 2008 à 02:40
    alchimie arithm?que astrologie archeoastronomie astronomie sont li?en astronomie-m?lithique eugia geometrie foss?e stonehenge 108 de diam?e qui donne 108=9 au symbole alchimie du swastika qui est le plus vieux symbole du monde ou le linga gnomon par l'ombre donne de jour l'harmonie des mar? en horloge de la protohistoire
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