•  

     L’AFFAIRE EMILIE SAGEE

    LE DOUBLE MYSTERIEUX D’UNE ENSEIGNANTE FRANCAISE

     

     

    L'AFFAIRE EMILIE SAGEE

    Connu aussi sous son nom germanique de Doppelgänger, le « double » est un phénomène parapsychique particulièrement inquiétant, d’autant qu’une vieille tradition européenne veut qu’apercevoir son propre « reflet » signifie une mort imminente…

     Les récits de personnes affirmant avoir rencontré leur double sont généralement traités comme des cas d’hallucination : hallucination qui peut être dangereuse et entraîner des troubles assez graves chez le sujet pour le conduire au suicide. Mais l’inverse se produit aussi : une personne peut n’avoir aucune conscience du double présent à ses côtés, et ce sont les témoignages de l’entourage qui lui font découvrir cette présence. Tel est le cas de l’enseignante française Emilie Sagée au milieu du XIXe siècle. En 1845, le directeur d’un institut pour jeunes filles nobles, le pensionnat von Neuwelcke, situé dans l’actuelle Lettonie à environ 60 km de Riga, engage comme professeur de français une jeune femme du nom d’Emilie Sagée, qui dit être née 32 ans plus tôt à Dijon. La nouvelle préceptrice, d’un tempérament très gai, fait preuve d’une intelligence et d’un sens de l’éducation qui attirent bientôt favorablement l’attention du directeur, Herr Busch. Mais, quelques semaines après son arrivée, des rumeurs commencent à circuler parmi les 42 élèves de l’établissement.

    D’étranges phénomènes se produisent en effet : à plusieurs reprises, alors qu’une élève dit avoir vu la préceptrice à un bout du bâtiment, une autre affirme l’avoir croisée au même moment à l’autre extrémité du pensionnat. Au début, les professeurs ne prêtent guère l’oreille à ces bruits absurdes. Puis l’affaire se complique. Un jour, alors qu’Emilie Sagée est au tableau noir, en train de donner un cours de grammaire à 13 jeunes filles (parmi lesquelles une certaine Julie von Güldenstubbe à qui on doit plus tard le récit du cas), une silhouette apparaît à ses côtés, imitant ses mouvements à la perfection. Le seul détail qui diffère est l’absence de craie dans la main. Le double continue à se manifester au cours des semaines qui suivent (il est également vu par des domestiques) et il adopte progressivement un comportement de plus en plus indépendant. Ainsi, un jour, les 42 élèves sont occupées à des travaux de broderie dans une pièce du rez-de-chaussée, sous la surveillance d’une maîtresse. Par la fenêtre, les enfants peuvent apercevoir Emilie dans le jardin. A un moment donné, leur surveillante s’absente… pour être remplacée par le double, immobile et silencieux. Dehors, Emilie Sagée semble subitement avoir des difficultés à se mouvoir. Dans la classe, certaines jeunes filles osent s’approcher et constatent que le double de la préceptrice n’offre qu’une légère résistance aux mains, qui le traversent. Il finit par disparaître.

    Tous ces évènements émeuvent, bien sûr, au plus haut point les jeunes pensionnaires et provoquent de nombreux départs. Au bout de dix-huit mois, les parents ayant retiré 30 des 42 élèves, le directeur prend la décision de se séparer d’Emilie. Celle-ci soupire, avant de partir, que c’est le dix-neuvième fois qu’elle est obligée d’abandonner un poste, toujours pour la même raison, depuis qu’elle a commencé à donner des cours à l’âge de 16 ans… Julie von Güldenstubbe reste en contact avec son ancien professeur jusque dans les années 1850. Après quoi, on perd définitivement la trace de celle-ci en Russie, où elle a émigré comme préceptrice au service d’une famille. Trois auteurs étudient et relatent l’histoire d’Emilie Sagée en se fondant sur le témoignage de la baronne Julie von Güldenstubbe, personnage à l’existence indéniable, qu’ils connaissent personnellement et dont ils garantissent l’intégrité. Ce sont l’écrivain et homme politique américain Robert Dale Owen, l’astronome français Camille Flammarion et le parapsychologue russe Alexander Akasov. Flammarion essaie, en vain, de retrouver la trace d’une Emilie Sagée qui serait née en 1813 à Dijon. Il découvre, en revanche, une enfant illégitime du nom d’Octavie Saget, née le 13 janvier 1813. Emilie et Octavie sont probablement une seule et même personne, la jeune femme ayant choisi de changer de nom pour masquer son illégitimité, chose courante à l’époque. Quant au pensionnat, des recherches modernes n’ont pas permis d’en retrouver la trace, ce qui ne veut rien dire si on tient compte de l’histoire tumultueuse de la Lettonie jusqu’à nos jours.

    Le témoignage de Julie von Güldenstubbe laisse supposer une relation « vampirique » entre Emilie Sagée et son double : à chacune des apparitions de celui-ci, en effet, la jeune femme semble être prise d’une fatigue plus ou moins intense, comme si le double la privait de son énergie. Emilie est, en fait, incapable de voir son double et ne déduit sa présence que du comportement alarmé des gens qui l’entourent et de la faiblesse qui l’envahit. Si cette histoire est vraie, on ne peut qu’avoir pitié d’une femme affligée d’une pareille malédiction…

    *

    HALLUCINATION OU PHENOMENE PARANORMAL ?

    Accepter la réalité du témoignage de Julie von Güldenstubbe (ce que font tous ceux qui la connaissent) ne résout pas pour autant tous les problèmes. Depuis un siècle, des sceptiques ont avancé que cette histoire relève de l’illusion ou de l’hallucination. Mais les témoins sont nombreux, les apparitions répétées. Elles ont lieu en présence d’observateurs très proches et, en règle générale, dans des lieux bien éclairés. Reste la suggestion collective, qui peut effectivement se produire dans des lieux clos où vit une population coupée du reste du monde : une rumeur se met à courir et, à force d’en parler, finit par acquérir une réalité dans l’esprit des personnes concernées. Le fait révélateur de la suggestion collective est l’uniformité totale des témoignages.

     

    Cette explication a été avancée pour le cas d’Emilie Sagée : mais peut-on s’étonner, par exemple, que 13 écolières affirment toutes exactement la même chose lorsqu’elles disent avoir vu leur professeur « simplement » se dédoubler à quelques mètres d’elles ? Ici, ce serait plutôt des divergences dans les détails qui seraient suspectes… Un autre argument joue contre cette théorie : lorsque Julie von Güldenstubbe rend visite, plus tard, à Emilie Sagée, installée chez une belle-sœur, elle découvre que les enfants de celle-ci se sont faits depuis longtemps à l’idée d’avoir deux « tantes Emilie »… Décidément, le mystère Emilie Sagée n’est pas près d’être résolu.

     

    *

    Partager via Gmail Pin It

    2 commentaires
  •  

     IL Y A ENCORE DES ALCHIMISTES

    ILS N’ONT PAS ABANDONNE L’IDEE DE FABRIQUER DE L’OR…

     

     

    Pour l’imagination populaire, l’alchimie est une superstition ancienne, et chimérique, qui visait à une impossibilité : fabriquer de l’or à travers d’autres métaux. Autrement dit, être riche sans travailler. Lorsqu’on adopte ce point de vue, il est compréhensible que les alchimistes aient eu tant de déboires, qu’ils aient été persécutés par les princes, désireux de connaître leurs secrets, dénoncés par leurs voisins, jaloux de leur richesse ou persuadés qu’ils avaient fait un « pacte avec le diable ».


    D’autre part, le développement de la chimie à l’époque moderne a fait croire que l’alchimie n’était qu’une vieille superstition, alors qu’en réalité, la chimie n’est qu’un développement secondaire, purement matériel, de l’alchimie.

     

    HISTOIRE DE L’ALCHIMIE

    Les sources de l’alchimie se perdent dans la nuit des temps, elles sont aussi mystérieuses, et cachées, que cette science. Le fondateur en serait Hermès, « le trois fois grand », un roi égyptien, messager des dieux, venu apporter à l’humanité cette science surnaturelle, capable de lui enseigner l’immortalité. C’est pourquoi l’alchimie est souvent appelée « art d’Hermès », et les alchimistes « fils d’Hermès ». Mais Hermès est bien plus un symbole qu’une réalité historique. Même mystère à propos de l’étymologie du mot alchimie, qui pourrait signifier- notamment- al-Kymia (la terre noire), à cause de la terre égyptienne. Hermès est désigné comme le « premier des rois » - ce qui montre bien son sens symbolique : c’est le fondateur de la noblesse de l’humanité. De même, l’or correspond dans la hiérarchie sociale (rien d’étonnant, par conséquent, à ce qu’il n’y ait plus d’or alchimique). L’origine historique de l’alchimie se trouve donc dans la terre des pharaons, au IIIe siècle de notre ère : c’est l’époque de l’apparition du livre, fait de rouleaux de papyrus. La « Haute Science » s’est diffusée très rapidement dans le monde, d’abord en Grèce, puis en Chine, puis chez les Arabes. La légende nous enseigne que l’alchimie est le résidu d’une grande religion cosmique et titanesque antérieure à Jésus-Christ. Les dépositaires de cette religion furent les Cabires, habitants de la mer Egée en Grèce, où Vulcain lui-même aurait forgé une faucille pour Cérès, déesse de la fécondité, et pour les Titans. Les Cabires étaient les Fils du Feu, ancêtres de la métallurgie moderne… Les Arabes, dotés au Moyen Age d’une civilisation beaucoup plus évoluée que la nôtre, introduisirent l’alchimie et d’autres sciences en Europe, de l’an 700 à l’an 1000, par le canal de l’Ecole de Cordoue, en Espagne : il y eut Geber (un soufi), Rhazès, Avicenne… En Chine, l’alchimie était devenue depuis longtemps une technique doublée d’une mystique, sous l’influence du Taoïsme.

    En Occident, les alchimistes furent donc postérieurs à ceux des civilisations orientales : il y eut notamment Albert le Grand (1193-1280), Saint Thomas d’Aquin, Raymond Lulle (XIIIe), Nicolas Flamel, Basile Valentin, le célèbre Paracelse, John Dee, et bien d’autres. On peut remarquer une différence importante entre les alchimistes du Moyen Age et ceux de la Renaissance : les premiers purent poursuivre leur quête en toute quiétude, à l’intérieur de la religion. Les seconds furent persécutés par les autorités temporelles, et même religieuses, preuve d’une dégénérescence progressive de la civilisation européenne, dont le Moyen Age serait en réalité « l’Age d’Or » (expression chère aux alchimistes).

    L’ALCHIMIE EST-ELLE MATERIELLE OU SPIRITUELLE ?

    Les principes de base de l’alchimie sont connus dans la Table d’Emeraude, attribuée à Hermès Trismégiste. La phrase essentielle est celle-ci : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Autrement dit, il n’y a, pour l’alchimie, aucune différence entre matière et esprit : ce sont deux aspects d’un même phénomène. Il est capital de comprendre cette idée pour saisir ce qu’est l’alchimie. Ainsi, on peut comprendre comment les alchimistes taoïstes (chinois) affirment qu’après la mort d’un Adepte (alchimiste parvenu au but final), on retrouve dans son cercueil une épée à la place du squelette, ce qui est le signe de sa réussite. C’est le « rite du cadavre et de l’épée », la preuve que l’ « Amoureux de Science » a dépassé les apparences, l’opposition illusoire entre la vie et la mort, la matière et l’esprit. A partir de là, il est facile de répondre à notre question de base : l’alchimie est-elle matérielle ou spirituelle ? La réponse est que la question est un faux problème : en effet, l’alchimie est à la fois matérielle et spirituelle, puisque, pour elle, il n’y a pas de différence entre matière et esprit. Cette différence est un produit artificiel de la pensée occidentale depuis le Moyen Age ; elle n’existe pas dans la philosophie arabe ou chinoise (dénommée justement méta-physique, « ce qui est au-dessus de la matière »). Ainsi, celui qui a trouvé l’immortalité a trouvé en même temps la richesse, et n’en a plus besoin : l’Adepte est celui qui a dépassé les apparences, et qui a trouvé la sagesse, source de détachement.

    LE CAS D’ALBERT POISSON

    Le XXIe siècle, le nôtre, est un siècle à dominante matérialiste : l’alchimie est la risée de la pensée officielle, qui considère l’alchimiste comme un vieux fou, acharné à rechercher l’impossible. Cette image d’Epinal est trompeuse. Plusieurs alchimistes l’ont démentie, même à notre époque. Mort à 24 ans, ce curieux personnage, qui habitait rue Saint-Denis et mourut en 1893, a écrit un ouvrage considéré comme un classique, Théories et symboles des alchimistes. Il semble que ce « fils d’Hermès », vêtu d’une houppelande, lecteur assidu à la Bibliothèque Nationale, soit mort d’épuisement à la suite de veilles interminables « au fourneau ».

    FULCANELLI

    C’est le cas le plus mystérieux, et le plus frappant au XXe siècle. Ce grand Adepte, dont on ignore la véritable personnalité (Plusieurs versions ont été proposées), semble avoir surgi à notre époque pour bouleverser la légende fausse selon laquelle l’alchimie était morte. Analogue au comte de Saint-Germain, il déroute les scientistes, et heurte les convictions des partisans de la science moderne, d’autant plus qu’il a publié deux ouvrages qui sont la « Bible » des alchimistes contemporains : « Le Mystères des Cathédrales »  et « Les Demeures Philosophales ». Certains prétendent que la véritable personnalité de Fulcanelli est celle d’Eugène Canseliet, connu pour ses apparitions à la télévision et dans la presse. Celui-ci refuse de se prononcer, bien qu’il admette être un élève de Fulcanelli.

    UN ALCHIMISTE TRES PARTICULIER : ALPHONSE JOBERT

    Né en 1860, Alphonse Jobert était docteur en médecine et ingénieur. En 1905, il confia à la revue Je sais tout, être capable de fabriquer de l’or alchimique, ce qui avait valu à un de ses amis des menaces d’emprisonnement. Car, disait-il, si ce secret était livré au monde, « le pauvre seul profiterait du changement ». Et il ajoutait : « Si l’Etat voulait, je me chargerais de lui fabriquer trente milliards en dix ans… Et si ces secrets étaient révélés au public, cela pourrait provoquer une révolution… » Alphonse Jobert ajouta : « Je sais que je suis le dernier alchimiste… » Il disparut lors de la première guerre mondiale, et personne n’entendit plus parler de lui !

    QU’EST-CE QUE L’ALCHIMIE ?

    Pour les alchimistes, les « métaux vils » (le plomb, l’étain, etc.) peuvent être transmutés par le travail physique – et spirituel, de l’Adepte, en or. De même, l’homme banal, vulgaire, peut accéder à l’éternité, et à l’immortalité, en se transformant peu à peu, en perfectionnant sa nature. Il s’agit, pour les Adeptes, d’imiter le travail de la terre, qui transforme peu à peu les déchets en matière noble – à travers un pourrissement, ‘une mort et une renaissance).

    PERFECTIONNER SON ÂME A PARTIR DE SON THEME ASTRAL

    Toute l’alchimie repose donc sur le principe d’analogie de même que sa sœur, l’astrologie : ainsi, Mercure signifie l’argent, Saturne le plomb, le Soleil l’or, etc. Il s’agit pour chaque être de perfectionner son âme à partir de ces principes très simples, symbolisés par son thème astrologique de naissance. De même que chaque être est constitué par plusieurs plans (physique, psychique, spirituel), l’alchimie permet de les unir et de s’approcher de l’immortalité, de la non-incarnation. L’incarnation étant considérée comme une déchéance par rapport à l’esprit. Le travail alchimique est donc en même temps un travail sur la matière et sur l’esprit. Le résultat est la libération totale, la victoire sur les aléas de la matière (jeunesse, vieillesse, mort). L’alchimiste est en dehors du temps et de l’espace, il n’a pas d’âge. Il s’incarne, où il veut, et quand il veut. Son rôle est d’aider l’humanité souffrante (maladies, problèmes, guerres). Dans les sociétés traditionnelles, l’or représentait la caste royale. Dans nos sociétés modernes, l’or perd de plus en plus de sa valeur, parce que les hiérarchies disparaissent. De même, les alchimistes disparaissent. La pollution atmosphérique joue un rôle important dans ce phénomène : l’air a perdu de sa pureté, ce qui fausse les opérations matérielles des alchimistes.

    De toute manière, l’or de fabrication alchimique est invendable ; il constitue une attaque contre le système économique. Mais ce qu’il faut retenir avant tout, c’est qu’à travers la matière, les alchimistes recherchent la libération de l’esprit, ainsi que du corps. Pour eux, il n’y a pas de différence : l’immortalité est justement le dépassement de cette fausse dualité entre matière et esprit, qui ne sont qu’une seule et même chose. A notre époque, il y a peut-être un courant qui va dans ce sens, ce qui explique, d’ailleurs, l’intérêt de plus en plus fort des jeunes générations pour l’alchimie (et pour sa sœur, l’astrologie). Ne sommes-nous pas au seuil de l’Ere du Verseau, dont les planètes dominantes sont Saturne et Uranus, planètes qui règnent sur l’alchimie et l’astrologie ?

     

    Quelques livres de base :

    Arnold Waldstein, Alchimie (Marne, 1973).

    Serge Hutin, Les Alchimistes, éditions du Seuil.

    L’alchimie (Que sais-je, N°506).

    Partager via Gmail Pin It

    2 commentaires
  •  

    LA MOMIE MALEFIQUE

     

    C’est une histoire extraordinaire que celle de la momie d’une princesse égyptienne, prêtresse  d’Ammon Râ, morte il y a trois mille cinq cent ans, qui a laissé dans le monde entier des traces sanglantes de son passage.

     

    Cette princesse était prêtresse, du temple d’Ammon Râ à Thèbes. Au commencement du 19e siècle, au cours de fouilles faites en Egypte, une expédition anglaise découvrit sa momie. Quelques jours à peine s’écoulèrent… Survint un accident stupide : un fusil qui explose… La déflagration emporta le bras d’un des membres de la mission. Puis, un second mourut bientôt dans des conditions mystérieuses. Un troisième fut tué d’une balle de revolver, on ne sut jamais par qui ni pourquoi… La mission revint en Angleterre. Ces tragiques évènements n’avaient pas abattu l’enthousiasme des chercheurs et celui qui maintenant possédait la momie en propre se réjouissait fort de montrer ce trésor à ses compatriotes. Mais, quand il rentra chez lui, ce fut pour constater que sa maison avait été cambriolée. Lorsque la momie arriva à Londres, on s’empressa de la faire photographier… Le photographe qui entreprit ce travail crut devenir fou. En effet, lorsqu’il développa ses plaques, il s’aperçut avec terreur qu’il n’avait pas du tout reproduit les traits de la momie mais ceux d’une personne inconnue de lui, dont les yeux, ce fut sa propre expression, étaient « diaboliques ». Quelques semaines plus tard, ce même photographe mourait sans que les médecins aient pu diagnostiquer avec précision son mal. Le propriétaire des restes de la princesse fut profondément ébranlé par cette série d’évènements inexplicables. Il décida de s’en débarrasser le plus rapidement possible et en fit tout simplement cadeau au British Museum.

    L’homme qui se chargea du transport mourut la semaine suivante. Tous ces phénomènes, auxquels personne n’était capable de donner une explication valable, commencèrent bientôt à être connus du grand public. La foule se pressait, mi-inquiète, mi-amusée, dans la salle du British Museum réservée aux antiquités égyptiennes. Certains vinrent se plaindre d’avoir souffert de douleurs abdominales après avoir simplement regardé la momie. Il fut impossible de faire la part de l’imagination qui entrait dans ces affirmations incontrôlables. La popularité de la princesse devint telle que le premier ministre de l’époque, M. Asquith, demanda à la voir… Ses collègues refusèrent. Le personnel du Musée vivait sous la terreur. Ils firent pression sur la direction qui, finalement, enleva la momie et la remplaça par une imitation presque parfaite. Mais un égyptologue américain découvrit la supercherie. Il s’offrit à emmener la momie de la princesse en Amérique. On accéda à son désir promptement, ravi d’être débarrassé à si bon compte d’une pièce aussi… encombrante. Quelque temps plus tard, on chargeait la princesse sur un navire américain… La momie est maintenant au fond de la mer, en compagnie de l’équipage et des passagers.

     

    CE NAVIRE PORTAIT LE NOM DE TITANIC.

     

    Source : Almanach Vermot de 1953  

     

    La taverne de l'étrange- 27 janvier 2010

    Partager via Gmail

    2 commentaires
  •  

    NEUF MALEDICTION : HUIT MORTS !

    A CE POINT-LA, PEUT-ON ENCORE PARLER DE COÏNCIDENCES ?

     

     

    Mai 1955- Comme il est d’usage dans les cours de justice américaines, l’accusée était assise à côté de son avocat, derrière une petite table surchargée par les dossiers de la défense. Sa vie était en train de se jouer et pourtant, elle ne montrait aucun signe d’angoisse ni de nervosité. Son beau visage, aux traits réguliers, auréolé de longs cheveux blonds bien coiffés, était serein. Ses yeux clairs, soigneusement fardés, gardaient une expression lointaine, détachée…

     

    Le jury, qui s’était retiré pour délibérer, rentra dans la salle d’audience. Le public se leva, l’accusée aussi et les douze jurés regagnèrent leurs bancs. Lorsque tous furent assis, le premier juré se mit debout et, dans un silence absolu, annonça le résultat de la délibération. L’accusée, Barbara Graham, était reconnue coupable d’assassinat avec préméditation. Il restait au juge Charles Fricke à lire la sentence. Celle-ci était prévisible, étant donné les conclusions du jury. Bien qu’elle eût clamé son innocence depuis le début du procès, il était impossible de croire à celle de Barbara Graham. D’ailleurs, le procureur général, J. Miller Leavy, avait prononcé un brillant réquisitoire qui ne laissait aucune place au moindre doute. Quant à l’avocat de la défense, Me Jack Hardy, il avait été d’autant moins convaincant que lui-même se rendait compte qu’il plaidait une cause perdue d’avance.

    « Barbara Graham, dit le juge d’une voix forte, vous avez été reconnue coupable de meurtre au premier degré. Cette cour, qui représente le peuple de l’Etat de Californie, vous condamne à être exposée aux gaz asphyxiants jusqu’à ce que mort s’ensuive. »

    Alors, soudain, l’accusée perdit tout contrôle d’elle-même. Elle bondit de sa chaise et hurla :

    « Je suis innocente, vous entendez ? In-no-cen-te ! »

    Elle ressemblait maintenant à une vraie furie. Echevelée, les traits déformés par la colère, l’écume au bord des lèvres, elle se débattait aux mains des gardes qui s’étaient précipités sur elle et essayaient de la maintenir. Ayant réussi à se dégager de leur étreinte, elle se rua sur Jack Hardy, un petit homme chétif, aussi frêle qu’un roseau. Avant même qu’il ait pu esquisser un geste, elle le jeta à terre et se mit à le frapper à coups de pied et à coups de poing.

    « Salaud ! criait-elle, au comble de la rage. Ah ! Tu m’avais promis l’acquittement… Et maintenant, je vais mourir ! Mais tu vas mourir aussi… »

    Dans la salle, c’était un tumulte indescriptible. Le public criait, protestait, des gens montaient sur les sièges pour mieux voir. Perché sur son estrade, le juge Fricke tentait vainement de ramener le silence en la frappant à coups redoublés de son maillet. Enfin, les trois gardes parvinrent à maîtriser la forcenée et la traînèrent vers la sortie. Mais elle avait encore quelque chose à dire. Se retournant vers le tribunal, elle eut encore le temps de crier :

    « Tous ! Je vous maudis tous ! Toi en premier, Jack Hardy, qui m’a si mal défendue… Toi, le juge Charles Fricke, qui m’envoie à la mort… Toi, Miller Leavy, dont le réquisitoire implacable ne m’a laissé aucune chance et aussi ton assistant, Ernest Roll, qui t’a aidé dans cette tâche… » Et pointant son index vers les hommes dont elle voulait encore se venger, elle maudit trois des témoins dont les dépositions l’avaient accablée : John Drew, Wilfrid Upshaw, Herbert Karane, ainsi que le policier qui l’avait arrêtée, Frank Ahearne. Les gardes, enfin, réussirent à l’arracher de la table où elle se cramponnait mais on l’entendit encore crier, dans le couloir, à travers la porte fermée :

    « Vous me suivrez tous dans la tombe… On se retrouvera en enfer. »

    Le calme revint enfin et le public évacua lentement la salle.  La plupart des assistants, encore secoués par le spectacle qui s’était déroulé devant eux, se taisaient, d’autres affectaient de rire, de se moquer de cette malédiction qu’ils déclaraient digne d’un âge où l’obscurantisme faisait la loi. Un mois plus tard, le 3 juin 1955, Barbara Graham, âgée de 35 ans, pénétrait dans la chambre à gaz de la prison de Saint-Quentin, près de San Francisco. Au moment où le bourreau, Harley Teets, lui liait les mains, elle se retourna vers lui, lui cracha au visage et lui lança :

    « Et toi aussi, je te maudis puisque tu es là pour me tuer. Tu ne me survivras pas longtemps, je te le jure. »

    L’expression de ses yeux était telle, à ce moment-là, que l’exécuteur frissonna malgré lui. Pourtant, Harley Teets n’était pas un homme facilement impressionnable. Un mois après, presque jour pour jour après l’exécution de Barbara Graham, les journaux de la Californie du Nord annoncent le décès subit de Me Jack Hardy, terrassé par une crise cardiaque. Il n’avait que 47 ans et son cœur, jusque-là, ne lui avait causé aucun souci. Un an plus tard, Ernest Roll, l’assistant du procureur général, est emporté par un cancer qui s’est déclaré et développé à une vitesse étonnante. Il est le deuxième d’une série qui ne va pas cesser de s’allonger… Au cours des années suivantes, la mort va frapper l’une des personnes désignées par la meurtrière. En 1957, Harley Teets, le bourreau, succombe, lui aussi, à une crise cardiaque. Deux jours auparavant, un examen médical approfondi a confirmé son parfait état de santé. Au mois de février 1958, le juge Charles Fricke disparaît à son tour… Cancer foudroyant. Le même mois, le témoin John Drew se noie dans le Mississipi, le bateau sur lequel il voyageait est entré en collision avec un autre. En mars 1959, Wilfried Upshaw, un autre témoin, est tué dans un accident de voiture, un camion fou ayant percuté son auto dans des circonstances incompréhensibles. 1960… L’officier de police Frank Ahearne, bien que réputé excellent nageur, se noie sur une plage de Californie.

    Sept des hommes maudits par Barbara Graham ont donc disparu en l’espace de six ans. Deux (Jack Hardy et Harley Teets) ont eu des crises cardiaques… Deux autres (Ernest Roll et Charles Fricke) ont succombé à des cancers qui les ont fait « flamber »… Deux autres encore (John Drew et Frank Ahearne) se sont noyés et le dernier, (Wilfried Upshaw) n’a pas survécu à son accident de voiture. Après cela, une accalmie a lieu. Elle va durer quinze ans, jusqu’en janvier 1975. Mais, en décembre 1974, alors qu’il circule à pied dans la périphérie de Los Angeles, le dernier témoin, Herbert Karane, est cueilli sur le trottoir et littéralement coupé en deux par une voiture qui a semblé « surgir du néant » déclarent les témoins et dont le chauffeur a pris la fuite…

    DEUX INFARCTUS… DEUX CANCERS… DEUX NOYADES… DEUX ACCIDENTS MORTELS…

    Seulement, la boucle n’est pas encore bouclée. Un homme est encore en vie : le procureur général J. Miller Leavy. Âgé de 70 ans, il a pris sa retraite dans une petite ville de la Californie.

    « Au début, a-t-il déclaré, personne n’a pris la menace de Barbara Graham au sérieux. Ce n’est que lorsque ce pauvre Jack Hardy est mort que nous avons commencé à nous poser des questions. Moi le premier. Les évènements qui ont suivi n’ont pas contribué à me rassurer. Successivement, j’ai vu disparaître mon adjoint Ernest Roll, un garçon plein d’avenir, ce malheureux Harley Teets et mon vieil ami, l’excellent juge Charles Fricke. Et tous les autres. Je reste le dernier. Je fais de mon mieux pour me raisonner, pour me convaincre que tous ces drames sont pure coïncidence. Rien à faire… J’ai peur. Je ne cesse de penser à cette femme, à sa fureur, à sa volonté de vengeance. C’était un démon, vous savez et je n’ai aucun remords d’avoir participé pour une large part à sa condamnation. Elle était vraiment coupable, elle l’a avoué juste avant de passer à la chambre à gaz. Ce n’est donc pas la crainte d’avoir aidé à commettre une erreur judiciaire qui me tourmente, mais bien la personnalité de Barbara Graham. Après la mort de Jack Hardy, je me suis intéressé à elle, à son passé. J’ai appris qu’elle se vantait d’être la descendante de Bridged Bishop, une des sorcières jugée lors des fameux procès de Salem, en 1692. Peut-être disait-elle vrai… Peut-être était-elle elle-même une sorcière. »

    En Californie, où le procès de Barbara Graham est revenu au premier plan de l’actualité, en 1975, après la mort d’Herbert Karane, l’affaire de la malédiction, comme la désignent les journaux, n’est pas prise très au sérieux. On n’y croit guère… Mais le procureur J. Miller Leavy y croit, lui !

     

    La taverne de l'étrange- 11 janvier 2010

    Partager via Gmail Pin It

    1 commentaire
  •  

    IL EXISTE DES PIERRES MAUDITES 

     

    « Grand Mogol, Régent ! » Les noms de ces pierres précieuses mondialement connues ont des résonnances magiques. Il est d’ailleurs, tout à fait vrai que certaines pierres peuvent avoir des influences maléfiques ou bénéfiques. Mais existe-t-il des pièces vraiment maudites ? Si nombre d’entre elles ont pu apporter la mort, c’est uniquement parce que au vu de leur immense valeur, des hommes sans scrupules se sont entre-tués pour leur possession. Reste, malgré tout, des exemples d’authentiques maléfices. 

     

    Dans leur cas précis, la valeur n’est pas forcément en rapport avec les malheurs provoqués et c’est bien le plus troublant. Il n’y a pas non plus, à leur propos, que des légendes du temps passé. Qu’on en juge. Un grand joaillier parisien de la rue Saint-Honoré nous a conté l’histoire d’une émeraude qui n’apportait que des ennuis. En 1957, Jean Vendome, ce joaillier, acheta un appartement. Apprenant sa spécialité, la vendeuse lui proposa une pierre de quatre carats environ, une émeraude dont elle voulait se dessaisir. Pour l’obliger, il accepta de s’occuper de l’affaire. Mais il fut stupéfait en entendant le prix demandé. C’était une somme dérisoire : environ 60.000 francs de l’époque. La dame lui avoua qu’elle avait peur de la pierre et qu’elle voulait s’en débarrasser sans idée de profit. Depuis qu’elle l’avait reçues en cadeau, rien n’allait plus, ni pour elle ni pour son entourage. Son mari, brillant polytechnicien, avait perdu sa situation. Et chaque fois qu’elle sortait l’émeraude du coffre de sa banque il arrivait un malheur. Un accident de voiture pour son époux ; une autre fois, une chute où elle se fractura la jambe. Cette pierre, sans être d’une très grande beauté, valait certainement quinze fois le prix demandé. Sceptique, Jean Vendome la montra à un confrère qui voulut bien se charger de sa vente. Mais au bout d’une semaine, ce second joaillier revint trouver le premier :

    « Tiens, je te rends ta pierre. Elle porte malheur. J’ai eu un accident de voiture ».

    L’émeraude fut encore deux ou trois fois confiée à des spécialistes. A chaque fois, elle revint : elle avait causé quelque nouveau désagrément. Jean Vendome lui-même devait être la victime de ses maléfices. Un jour, en ouvrant son magasin, il s’aperçut que tout avait été cambriolé. Rien ne restait… sauf l’émeraude. L’histoire commençait à courir dans le cercle très fermé des bijoutiers et des lapidaires. La pierre malgré son prix modique, était devenue invendable. La propriétaire vint donc la reprendre. En sortant du magasin, elle la jeta dans une bouche d’égout. Il ne faut pas conclure, pourtant, que toutes les émeraudes portent malheur. Leur mauvaise réputation vient plutôt du fait qu’elles sont souvent fragiles, qu’elles se fendent parfois, ce qui représente, bien sûr, une perte d’argent. L’opale a mauvaise réputation, en France, pour la même raison. En revanche, en Angleterre, elle est considérée comme une pierre porte-bonheur et c’est elle qu’on offre le plus souvent lors des fiançailles. Quant au rubis, si on le tient pour maléfique, cela vient de sa ressemblance avec une goutte de sang. Quelle erreur commettrait, en vérité, celui qui se méfierait des pierres précieuses ! Dans l’immense majorité des cas, elles sont étroitement associées à des évènements heureux de la vie, voire un triomphe, au couronnement d’une carrière.

    Jean Vendome, encore, le sait mieux que quiconque, lui qui s’honore d’avoir exécuté, entre autres merveilles, plusieurs épées d’académiciens. Celle de Julien Green, notamment, et celle de Maurice Schuman. Les pierres n’ont d’ailleurs pas besoin d’être onéreuses pour séduire raconte le joaillier. Lui-même avoue son affection pour de simples galets de nos grèves, d’humbles cailloux de nos chemins : ils ont souvent des formes si belles, ils ont tant de joliesse naturelle qu’ils peuvent enthousiasmer jusqu’aux plus prestigieux orfèvres, ces créateurs par excellence. Des charmes qu’auraient tort d’ignorer ceux qui déambulent sur nos plages et nos sentes de montagne. Des chefs-d’œuvre qui ne porteront jamais malheur… à moins de se laisser choir sur le pied. 

    Taverne de l'étrange - 11 septembre 2009

    Partager via Gmail

    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique