• 1932- Freaks, la monstrueuse parade

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    Freaks ( la monstrueuse parade ) de Tod Browning- 1932/USA/65mn

    Au cirque Tetrallini, le lilliputien Hans est fasciné par la beauté de Cléopâtre l'acrobate et délaisse la minuscule écuyère Frieda sa fiancée. Il vient d'hériter, Cléopâtre décide de l'épouser puis de l'empoisonner avec l'aide d'Hercule son amant et complice. Film sans équivalent dans l'histoire du Cinéma, le chef-d'oeuvre de Browning s'articule autour et à l'aide de vedettes réelles du cirque Barnum, homme-tronc, femme sans bras, squelette vivant , soeurs siamoises ...

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    - L'histoire -

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    Le bonimenteur fini le tour de présentation des monstres par, nous dit il, " la plus stupéfiante monstruosité vivante " et nous propose de nous conter son histoire : Dans le cirque Barnum, Hans, un nain, tombe amoureux de Cléo, la belle trapéziste. Cléo, qui a pris pour amant Hercule, l’homme fort, s’'amuse de la situation et des tourments de la pauvre Frieda, la naine fiancée d’'Hans. Mais Cléo finit par découvrir que son admirateur est l’'héritier d'’une grosse fortune ; elle décide donc d’épouser le nain puis de le tuer.

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    Alors qu’'elle empoisonne quotidiennement, à petites dose, son mari Hans, les " monstres " démasquent le complot et décident de se venger d’'Hercule et de Cléo. Comme l’'avait annoncé le bonimenteur, " offensez-en un, vous les offensez tous " ; leur union aura raison des deux complices par une nuit d’'orage. On retrouve alors le bonimenteur qui nous dévoile Cléo transformée en femme-poule, inspirant à son tour le dégoût qu'’elle témoignait autrefois aux monstres.

    - L'’analyse -

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     Freaks fait partie de cette poignée de films qu'on peut, sans exagération, qualifier d'uniques. Le film mérite encore ce qualificatif et rien n'est venu ternir ou atténuer son originalité. Dépassant les catégories traditionnelles du réalisme et de la fiction horrifique, Freaks appartient un peu à chacune d'entre elles et, pour cela, est par excellence le film du malaise. Du côté du réalisme, il y a la présence de vrais monstres (fondant à elle seule l'unicité radicale du film) et l'aspect de chronique documentaire des coulisses de la vie d'un cirque (Tod Browning fugue de chez ses parents à l'age de 16 ans et travaillera dans un cirque jusqu'à ses 30 ans). Du côté du fantastique : la vengeance des monstres et l'opération qu'ils ont pratiqué sur leur " victime".

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    Du côté de l'horreur : le nouveau manichéisme inventé par Tod Browning, opposant les monstres non responsables de leur monstruosité physique aux êtres normaux responsables de leur monstruosité morale. Ce sera aussi le propos d'Elephant Man. Les monstres, à cause de leur vulnérabilité, semblent décupler la monstruosité morale de certains êtres dits " normaux". En décrivant l'attitude de Cleo vis-à-vis de Hans, Browning a voulu exprimer un condensé de ce que les êtres normaux font subir aux anormaux et, d'une façon plus générale, de ce que l'homme, dans certaines circonstances, peut faire subir à d'autres hommes : mépris, exploitation, haine calculée et destructrice. Du coup, la distinction entre normal et anormal, naturel et monstrueux, se brouille.

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    Tout devient monstrueux et on s'aperçoit alors que le malaise provoqué par Freaks n'a d'autre origine que son humanité et son universalité. Cette humanité n'a rien à voir avec un quelconque humanisme...De l'humanisme ne subsistent ici que quelques traces, notamment dans la compassion que témoignent aux monstres certains artistes du cirque et dans la solidarité que les monstres éprouvent entre eux. Encore cette solidarité leur dicte-t-elle une vengeance aussi atroce – sinon plus – que l'offense qu'on leur a fait subir.

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    Avant tout, la force durable de Freaks tient à son absence de complaisance, à la dignité froide et silencieuse du regard de Browning. Browning est ici parfaitement à sa place-homme de cirque sachant de quoi il parle quand il présente ses amis les monstres. Etant donné qu'il avait été sous contrat à la MGM durant le muet (où il signa de nombreux films avec Lon Chaney), on s'explique que la firme ait voulu le reprendre après son triomphe de Dracula à la Universal.

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    Quand même : le surgissement d'un tel film au début des années 30, à Hollywood, à la MGM, son audace tranquille, qui est à la fois le comble de l'innocence et de la perversité, n'ont pas cessé jusqu'à aujourd'hui de plonger le spectateur dans la stupéfaction.

    Prochain film : 1951/ Le jour où la terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still)

    *

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    « Une déesse réincarnée ?Stonehenge et l'unité de mesure divine. »
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  • Commentaires

    1
    visiteur_Top
    Dimanche 25 Novembre 2007 à 21:06
    Je n'ai jamais vu ce film qui est, je suppose, introuvable de nos jours.
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    Mathurin
    Dimanche 11 Septembre 2016 à 08:09

    Ce film est très facilement trouvable au contraire puisque il a été réédité en DVD simple ou en version collector par Warner Bros.

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